RESOLUTION

Le troisième Colloque de la recherche féministe francophone « Ruptures, Résistances, Utopies » montre au grand jour la richesse de la réflexion féministe. Cependant la place des femmes et l’apport du féminisme sont plus que jamais mis aux oubliettes, dans un climat de régression générale et de crise : conjoncture internationale particulièrement sombre, victoire d’un libéralisme débridé, situation politique alarmante, désagrégation du lien social comme en témoigne le vote du 21 avril.

Malgré les injonctions européennes, on passe allègrement sous silence les inégalités et discriminations entre les femmes et les hommes au travail,  et le fait que la précarité et la pauvreté, accélérées par le programme d’ajustement structurel,  frappent particulièrement les femmes. On banalise les violences sexuelles. On entérine sans réagir la parodie qu’a été la parité aux législatives (16 femmes de plus à l’Assemblée). Le sexisme et le mépris n’hésitent plus à s’afficher.

Derniers mauvais coups à l’égard des femmes :  la CADAC (Coordination des Associations pour le Droit à l’Avortement et à la Contraception) , ainsi que l’APGL (Association des Parents Gays et Lesbiens) viennent d’être évincés du Conseil Supérieur de l’Information Sexuelle où ils siégeaient au profit de deux structures familiales catholiques des plus  droitières ; le projet de loi d’amnistie  exclut de son bénéfice la cruauté envers les animaux, mais pas les violences conjugales.

Dans les mouvements sociaux, qui  résistent et s’organisent à l’échelle de la planète - et c’est un formidable espoir-, trop souvent, pratiques et discours font l’impasse sur l’existence des rapports sociaux de sexe qui clivent nos sociétés.

Les participantEs au colloque réaffirmes leur détermination à poursuivre le combat féministe.


MANIFESTE

 

La nécessité du lien entre recherche féministe et mouvement féministe n’est plus à démontrer. La pensée et l’action sont complémentaires, l’une et l’autre se façonnent et se modifient. Or il semble que, depuis ces vingt dernières années, recherche et lutte féministes s’éloignent. La première, en se repliant sur ses objets d’étude, oublie trop souvent les enjeux et les implications politiques et sociales de ses résultats ; la seconde,   face à l’urgence et aux manques de moyens, ne bénéficie pas des nouveaux apports de la recherche.

Cette situation, jusqu’alors tacitement acceptée dans la majorité des cas par chercheuses et militantes, est inquiétante, dangereuse, dans le nouveau contexte politique, économique et social. La désagrégation du lien politique et social, manifestée par le vote du 21 avril 2002 en France, les effets destructeurs de la mondialisation néo-libérale et patriarcale, les multiples dérives et initiatives réactionnaires, qui renforcent les rapports de domination des hommes sur les femmes, ne pourront être dénoncés et combattus que si une liaison plus étroite est établie entre recherche et militantisme, dans différents pays.

 

Dans ce but, nous chercheuses (et chercheurs) et militantes féministes,  présentEs au colloque des  recherches féministes francophones « Ruptures, Résistances et Utopies » à Toulouse,

 

-         nous nous engageons à rétablir et à renforcer le lien entre théories et actions féministes, entre discours et pratique, de façon à ce que les forces soient  réunies pour transformer durablement le réel

-         nous nous engageons à créer des espaces de réflexion, de réel partage des savoirs, des expériences et des pratiques de résistance

-         nous nous engageons à mettre en place des organes communs de diffusion et de communication

-         nous nous engageons à travailler ensemble pour lutter contre l’invisibilisation des actions et de la réflexion des femmes, notamment par des initiatives publiques

-         nous nous engageons ensemble à poursuivre le combat féministe pour un autre monde