Avec ou sans loi, le voile on n’en veut pas !

 

 

Pour instaurer et maintenir l’emprise du patriarcat, les hommes ont toujours su instrumentaliser les religions ; de l’Ancien Testament au Coran, en passant par le Nouveau Testament les hommes ont su trouver des prétextes pour voiler les femmes. De tous temps et quels que soient les fondements théologiques ou supposés tels, le voile des femmes a toujours été d’abord un symbole d’oppression et il l’est encore.

 

A travers l’histoire, les pays et les civilisations des voix d’hommes et de femmes se sont élevées contre l’oppression. Des femmes ont lutté contre leur statut de dominées et ont souvent versé leur sang pour que d’autres femmes ne le subissent pas et ne soient pas assujetties.

Aujourd’hui encore, des milliers de femmes se voient privées de leur droit le plus élémentaire, celui de disposer de leur corps et de la liberté de choisir. Elles sont violentées, violées, discriminées et aussi voilées de force par des groupes d’hommes désireux d’imposer les idéaux moyenâgeux les plus obscurantistes. 

 

D'Alger à Kaboul en passant par l’Irak, les fous de Dieu ont la même hantise et la même démarche : voiler les femmes et les faire disparaître de l’espace public, au nom d’une prétendue obligation divine. Les islamistes dits modérés, quant à eux, veulent voiler les femmes pour contrôler leur présence dans cet espace.

En chaque femme qui résiste aujourd’hui dans ce contexte de violence aussi bien en Algérie qu’au Nigeria, en Afghanistan ou en Irak, réside une Shéhérazade qui diffère la sentence pour survivre. L’acceptation du voile ici est une injure et une trahison aux femmes qui luttent dans ces pays.

En France, comme ailleurs, les mêmes forces obscurantistes s’appuyant sur les mêmes arguments pseudo-théologiques exploitent le désarroi des citoyens musulmans discriminés, précarisés et qui se sentent exclus.

 

Au nom de la religion, ces groupes veulent s’approprier la représentation et le contrôle social des cités et de la jeunesse en mal d’identité et de reconnaissance sociale.

Défiant la république, la laïcité et les acquis des femmes, les plus radicaux d’entre eux n’hésitent pas à présenter le « droit de porter le voile » comme une liberté fondamentale et à jouer les victimes d’une stigmatisation et d’une discrimination. 

L’inadmissible serait dans ce contexte le silence, silence des hommes et des femmes. Un silence complice et donc fautif. Un silence acceptant l’oppression et s’épargnant la confrontation.

 

C’est pourquoi nous, femmes maghrébines et françaises, attachées à l’égalité des droits et à la laïcité, nous appelons toutes les citoyennes et citoyens à se mobiliser :

-         pour refuser toutes les formes de discrimination et d’exclusion.

-         pour condamner toutes les formes d’oppression des femmes

-         pour exprimer notre solidarité avec toutes les femmes qui luttent aujourd’hui pour l’égalité des droits.

-         pour soutenir les femmes irakiennes aujourd’hui menacées dans leurs droits.

Nous n’attendons aucun feu vert pour nous insurger et nous battre contre toutes les forces rétrogrades et sexistes qui ne rêvent que d’une chose : nous ensevelir et nous réduire au silence.

 

                                                     

« Femmes maghrébines et françaises »

 

Texte diffusé à la manifestation pro-voile du 7 février 2004 à Paris.