MANIFESTATION A
PARIS
Les islamistes mettent les femmes sur le
trottoir
A vouloir trop
bien faire, il arrive qu’on se plante. Ah, il avait été bien organisé ce
dimanche 21 décembre, le cortège des filles voilées défilant, encadrées de
barbus, de la République à la Bastille au nom de la liberté de culte ! À
regarder ces gamines sanglées dans l’uniforme de la honte s’indigner de la
« répression » dont elles se disaient victimes, on ne pouvait se
défendre d’un certain malaise. Et même d’une colère certaine devant la
sensation violente d’être pris pour des imbéciles, au sens étymologique du
terme : « imbecillus », faible d’esprit. Faut-il en effet
être incapable de relier entre elles deux idées pour ne pas voir ce qui,
effectivement, était en marche ce dimanche d’hiver : un troupeau de
filles, de femmes et d’enfants voilées, encadrées d’hommes silencieux, faisant
penser aux vers de Baudelaire :
« Descendez, descendez, lamentables
victimes
Descendez le chemin de l'enfer éternel !
Plongez au plus profond du gouffre, où tous
les crimes,
Flagellés par un vent qui ne vient pas du
ciel,
Bouillonnent pêle-mêle avec un bruit d'orage. »
Elles montaient,
les « lamentables victimes » consentantes dans leur subordination et
flanquées de leurs bourreaux, à l’assaut de la Bastille symbolique de la
Liberté et des Droits de l‘Homme. On ne saurait être plus clair.
Imagine-t-on des femmes afghanes défiler en burqa sous la banderole
« Mon voile, mon choix ! », des Chinoises revendiquer qu’on leur
bande les pieds, des Africaines qu’on leur étire le cou avec des anneaux,
toutes au nom du respect de leur culture et de leurs
traditions évidemment ? À quand une manifestation d’Indiennes
réclamant le droit d’être crématisées avec leur mari défunt, comme une solide
coutume fondée sur l’hindouisme l’a longtemps exigé, pour l’honneur de la
famille ?
Quant à la
soi-disant « pudeur » qui fait du corps de la femme un objet sexuel
et de l’homme un détraqué bavant de concupiscence devant le moindre cheveu qui
dépasse, c’est certainement un grand progrès dans le domaine du respect mutuel,
de l’humanité et des droits de l’homme !
Et pour finir, la menace, même pas voilée, elle : « En
mars, je vote ! » Ce vote-là devrait logiquement aller au Front
National, hostile dès le départ à l’interdiction du foulard islamique. A moins
qu’on n’assiste, dans les mois à venir, à l’émergence de candidats islamiques
dûment estampillés. Ce qui prouverait enfin que le combat n’est pas (n’a jamais
été) religieux mais politique.
La manipulation
était si grosse qu’elle en devenait affligeante. Les organisateurs ont
simplement oublié que la France de 1789 avait guillotiné un roi, détruit des
églises, chassé les prêtres et mis la religion à l’Index pour faire émerger des
valeurs humanistes. Ce n’est certes pas pour, deux siècles plus tard, accepter
que ses symboles servent de déguisement de carnaval à des individus
suffisamment lâches pour pousser des femmes en première ligne. Ce triste
dimanche, les barbus avaient mis les femmes sur le trottoir. Convaincues et
consentantes, scandaient-elles devant les caméras. Comme l’étaient les jeunes
Allemandes prêtes à donner leur corps dans les lebensborns pour créer la race
aryenne, obsession d’Hitler.
Deux siècles
d’histoire violente ont forgé une conception sans failles de la liberté, de
l’égalité et de la fraternité au-dessus des choix individuels où se situe la
liberté de culte. En se positionnant à égalité avec les valeurs fondatrices de
la République, les Islamistes ont dévoilé leur stratégie : tester les
limites de l’acceptable pour saper les fondements d’une société qu’ils
récusent. Transformer les métastases actuelles en cancer généralisé qui rongera
le corps social.
Dans ses Réflexions sur le racisme, le philosophe Cornélius
Castoriadis écrit à propos de l’excision, aujourd’hui largement
condamnée : «… tout cela se passe là-bas, in der Turkei, comme
disent les bourgeois philistins de Faust. Vous vous indignez, vous
protestez. Puis un jour, ici, à Paris, vous découvrez que votre employé de
maison (ouvrier, collaborateur, confrère) que vous estimez beaucoup se prépare
à la cérémonie d’excision-infibulation de sa fillette. Si vous ne dites rien,
vous lésez les droits de l’homme.(…) Si vous essayez de changer les idées du
père, vous le déculturez, vous transgressez le principe de l’incomparabilité
des cultures ». Pour Castoriadis, le choix apparaît clair. C’est celui de
l’universel contre le particulier, des valeurs humaines contre la loi divine,
de la citoyenneté contre les communautarismes : « Le combat contre le
racisme est toujours essentiel. Il ne doit pas servir de prétexte pour démissionner
devant la défense de valeurs qui ont été créées « chez nous », que
nous pensons être valables pour tous, qui n’ont rien à voir avec la race
ou la couleur de la peau et auxquelles nous voulons, oui, raisonnablement
convertir toute l’humanité ».
Telle est l’universalité de la devise républicaine (liberté, égalité,
fraternité). Une devise qui doit être défendue, soutenue et mise en pratique au
quotidien parce qu’elle est fragile comme la démocratie. Ceci pour garantir les
libertés et les responsabilités individuelles et collectives, et permettre
ainsi l’implication de citoyens dans les affaires de la cité. La démocratie
française en a bien besoin après un certain 21 avril qui a révélé un clivage
national-ethnique enfonçant des populations entières dans un repli
communautaire.
Hélène Michelini, journaliste
Farouk Mansouri, consultant en informatique.