LES  FEMINISTES SE DEVOILENT.

 

 

 

Nous qui nous réclamons du mouvement féministe et y participons, parfois depuis les années soixante dix, nous voyons dans la querelle du voile un symptôme de régression a l’œuvre dans notre société.

Tout notre combat a contribué à faire reculer la coutume qui opprime le plus faible au profit de la loi qui le libère. Interdits sur la liberté de disposer de son corps, viol, inceste , violences conjugales, excision…faisaient et font partie de la tradition millénaire de domination des hommes sur les femmes. Les lois conquises- sur l’avortement, le viol, la parité…- ont gagné du terrain sur la violence et l’obscurantisme.

Et voilà qu’une nuée de voiles exhibée par des adolescentes qui font consciemment ou pas le jeu des intégristes , remet en cause les principes fondateurs de la République et en même temps les acquis de notre mouvement.

Par quel enchaînement de démissions et de lâchetés en sommes nous arrivés là ? Comment peut on en effet confondre soumission volontaire et libre choix, tolérance et absence de tout interdit, respect des cultures et complaisance à la barbarie ?

Il n’y a pas à tergiverser.

Le voile est humiliant pour les femmes qu’il assigne à une place de proie et pour les hommes qu’il assimile à des prédateurs.

Le voile est une trahison pour toutes les musulmanes qui ici et ailleurs se sont battues pour ne plus le porter.

Le voile est le signe que le patriarcat que l’on croyait bien fatigué, renaît de ses cendres sous sa forme la plus rétrograde et virulente : l’islamisme radical. Celui ci rencontre le soutien complaisant de ceux qui naguère fustigeaient « l’opium du peuple » : une grande partie de l’extrême gauche, des mouvements altermondialistes et même certains «  féministes »…Sans compter bien sûr celui des Eglises, trop heureuses de pouvoir soutenir une offensive anti-laïque.

Le voile est un test : déjà sont remis en question, ici et là, la mixité des classes et celle des heures de piscine, les programmes scolaires, la neutralité du service public hospitalier, judiciaire ou universitaire. Accepter le voile, c’est ouvrir la porte à d’autres demandes et d’autres surenchères.

Le voile démontre que les acquis sont toujours fragiles et que le combat et la réflexion féministes , loin d’être dépassés, sont plus que jamais actuels. La lutte exemplaire des « Ni putes , ni soumises » est là pour le rappeler.

Nous sommes sensibles aux difficultés rencontrées par les jeunes filles  issues de l’immigration. Seule une loi les  protégera de la contrainte du voile : celles qui le refusent et celles qui y voient le seul moyen de se soustraire aux agressions machistes. Seule une loi soutiendra les paroles des musulmans laïcs alliés de la République et dissociera l’Islam de ses dérives les plus archaïques.

 

Des féministes de la première heure : Catherine Deudon , auteure de « Un Mouvement à soi. Images du Mouvement des femmes »(Syllepse) –Liliane Kandel, coauteure de  « Chroniques du sexisme ordinaire » publiées sous la direction de Simone de Beauvoir

dans Les Temps Modernes (Le Seuil ) - Annie Sugier, présidente de la Ligue internationale du droit des femmes-et Anne Zelensky, présidente de la Ligue du droit des femmes, cofondée avec Simone de Beauvoir, auteures de « Histoires du MLF »(Calmann Levy.)

 

 

Contact : Ligue du droit des Femmes, téléphone : 01 45 85 11 37