Un tube pour dire non à
l'injustice faite aux femmes en Algérie
La chanson " Ouech Dek Yal Qadi "
(Eh juge qu'est ce qui t'a pris)
C'est un événement: pour la première fois, des artistes femmes d'Algérie et
d'ailleurs chantent ensemble pour dénoncer une loi promulguée en Algérie le 9
juin 1984 et qui légalise l'infériorisation des femmes. Cette loi porte un nom:
le code de la famille.
Parmis elles des artistes déjà célébrées par le public français comme Djura,
Fettouma Ousliha, Biyouna et Hasna el Becharia. Elles prolongent et
renouvellent la lutte de libération des femmes d'Algérie qui se battent pour
obtenir l'égalité homme femme devant la loi.
En tout 28 interprètes, dont Annie Flore Batchiellilys du Gabon et Barbara Luna
d'Argentine donnent leur voix et avec quelle force et quel talent ! Quatre
chanteurs ont tenu à participer au chœur final, car ils font leur la cause et
la lutte des femmes.
Une Algérie qui vit et se révolte.
La chanson "ouech dek yal qadi" ("eh juge qu'est-ce qui t'as
pris") construite sur une mélodie de base chaabi (musique populaire
algéroise) offre des échappées vers d'autres genres musicaux, selon
l'inspiration des chanteuses : polyphonie kabyle, tonalité rap, chant chaoui,
tempo africain, voix du raï et voix du désert. Tous ces rythmes sont là et
démultiplient la force de la chanson. Vous allez entendre une Algérie qui vit
et se révolte, qui dit sa lutte sur tous les tons, en arabe, en berbère ou en
français. Cette chanson entraÎnante donne décidément envie de se battre ensemble
!
La chanson est accompagnée d'un clip qui mêle les images des chanteuses prises
lors de l'enregistrement à des images d'archives de la lutte des femmes
d'Algérie.
Comme elles le disent dans la chanson, écoutez la chanson !
Ce CD est une œuvre collective et a été réalisé par l'association " 20 ans
barakat " pour que la chanson batte le tempo de la campagne "le code
de la famille : 20 ans barakat" (Barakat = ça suffit) (voir appel de la
campagne plus loin). Car, en Algérie comme partout dans le monde, la chanson
est aussi une affaire de femmes : des berceuses aux chansons de mariage, des
chants qui disent la dureté de la vie à ceux qui célèbrent les bonheurs de
l'amour, des noubas savantes aux rythmes plus actuels, la chanson est un moyen
d'expression privilégié.
Une chanson vaut 1000 discours
C'est parce que nous savons qu'une chanson vaut parfois 1000 discours, que ce
projet est né. Il n'aurait pu se réaliser sans la générosité des artistes, qui
y ont participé gracieusement, et sans la conviction partagée par tous qu'il
faut toujours se battre contre l'injustice…y compris en chantant!
Quel sera le destin de cette chanson ?
Produite simultanément en Algérie et en France, elle devrait séduire un large
public et permettre de placer au cœur des débats la question de la place des
femmes dans la société algérienne et du type de société dans lequel nous
voulons vivre. Vaste débat certes, mais comme il est difficile de faire taire
une chanson, ce débat a toutes ses chances d'exister.
Les interprètes de la chanson
Toutes et tous les interprètes se sont engagés sans hésitation et gracieusement
dans la réalisation de cette chanson à plusieurs voix. Leur "oui" a
fusé, spontané et unanime.
Fettouma Ousliha: Une carrière impressionnante. Comédienne et actrice de
talent, elle partage actuellement la scène avec Rachida Brakni dans " Les
Sacrifiés " m.e.s par Jean Louis Martinelli, cette grande dame chante
aussi a capella un répertoire rare de chants algérois très peu connus du
public. De sa voix grave et profonde, comme dans les contes anciens, elle ouvre
la chanson.
Hasna el Becharia : appelée la " rockeuse du désert ", Hasna dont le
premier album a été un succès en Europe, accorde sa guitare au son des
instruments du désert, gumbris et karabous. Elle s'inspire de la pratique
musicale profonde de Béchar, sa ville, qui va du diwan au foundou en passant
par le répertoire populaire haddaoui.
Elle chante ici en duo avec Souad Aslaoui-Becasse, sa choriste elle aussi de
Béchar.
Nadia Tachaouit
Avec ses mélodies douces et prenantes, sur des rythmes qui vont du pas de l'oie
à celui du chameau, la musique chaouie, du nom de la région montagneuse
des Aurès dans l'est de l'algérie, surprend et ravit les mélomanes.
Nadia Tachaouit, voix du peuple chaoui, fait résonner le passé berbère des
Aurès.
Dans la chanson, c'est à sa voix nue et vibrante que s'accrocheront les
rappeuses.
Sam : C'est la nouvelle génération ! 22 ans, guitariste, auteure-compositeure
et chanteuse, elle a fait les premières parties des concerts de Gnawa diffusion
à Alger. En France depuis peu, elle donne de la voix et du ton à tout ce
qu'elle chante. Ecoutez-la interpeller de sa voix exceptionnelle l'auditoire
(ya samine) afin que les choses changent !
Samia Diar: Encore la nouvelle génération! Auteure, compositeure et interprète,
elle sait jongler avec les genres, et va du flamenco au chaabi en passant par
les musiques des Aurès avec une aisance étonnante. Toutes les influences de la
Méditerranée sont dans les doigts et la voix de Samia qui, joyeuse et combative
prête l'oreille à tout.
Aicha Lebgaa: Cette gazelle arrivée de Timimoun (sud-est algérien) il y a cinq
ans, issue d'une famille de musiciens, porte en elle tout l'héritage musical du
désert, du soufisme et de la transe. Inspirée, créatrice avec Gnawa diffusion
du spectacle Nakhla, difficile de résister à sa voix profonde qui rappelle : le
code de la famille nous coupe les ailes !
Djura de Djudjura: Elle chante la femme, elle chante les femmes. Djura
est le symbole de l'artiste engagée. Ses messages, universels, ont valeur de
témoignage et d'enseignement. De sa voix sensuelle et satinée, cette lutteuse a
chamboulé, déjà dans les années 70-80, le monde de la chanson en revendiquant
dans ses chants kabyles, l'émancipation des femmes. " je chante tout
haut ce que nos mères chantaient tout bas ". Djura a depuis élargi son
univers créatif au cinéma et à la littérature. Aujourd'hui elle est une des
marraine de l'association "ni pute ni soumise".
Elle chante ici les polyphonies berbères avec d'autres artistes.
Keltoum el Aurassia: Une des rares disciples de Djermouni et Baggar Hadda,
Keltoum s'incrit dans la pure tradition du chant chaoui qu'elle restitue de sa
voix puissante et rare.
Amira: née à Paris de parents kabyles, elle mixe sa pop aux reflets ensoleillés
du Maghreb, écrit le Sud sur des sons du Nord, s'écoute d'Est en Ouest. Dans la
chanson, sa voix est bouleversante quand elle dit l'injustice de la
répudiation.
Zora:
Nouvelle voix de la chanson française, elle a fait les 1ères parties de Zazie,
Sapho ou encore Mathieu Chédid et Tom Novembre. Son premier album , qui puise
dans la pop, le funk ou le reggae est salué par la critique!.
Zora, dans la chanson, accompagne les rappeuses.
Zohra Bendaoud: issue de l'école andalouse d'Alger et de l'école d'arts
dramatiques de Bordj el Kiffan (Alger), elle est choriste pour de nombreux
chanteurs. Ici, elle chante la polyphonie berbère et revendique notre
histoire…en mode andalous!
Mamia Cherif: chanteuse et auteure - compositeure Professeur de chant, Mamia
chante le jazz en arabe. En mélant des instrument typiques du maghreb (hajouj,
Krabab, derbouka, bendir…) aux plus courant du Jazz, son groupe offre une
grande palette de couleur. Avec son orchestre elle crée un métissage
"couscous bechamel" ! Ici elle innove sur le mode rap et
participe aux polyphonies berbéres.
Faraka: C'est une princesse du groove oriental, à la fois danseuse, chanteuse,
auteure et compositeure. Elle incarne à merveille l'esprit contemporain de la
fusion arabo-occidentale. Sur les traces de Natacha Atlas, Faraka recherche ses
racines orientales, animée par le désir de mélanger et partager les cultures.
c'est l'envoûtement. Dans la chanson, en français, elle le dit à sa manière
" cette loi est à défaire ".
Israhn: elle est vocaliste. "Ma voix traduit des émotions, je ne suis pas
chanteuse, je suis un instrument". Alors dans la chanson, elle vocalise et
c'est…notre sirène!
Kamila Adli: Une des rares algériennes qui chante en s'accompagnant d'une
harpe. Femme engagée et combative, elle n'en est pas à sa première chanson pour
l'égalité entre les femmes et les hommes.
Miana (Cheba Amina): Elle peut tout chanter et dans plusieurs langues, mais
c'est sa voix rai qui a séduit le producteur Martin Meissonier. Dans le
remarquable et desormais introuvable CD "Big men" "Rai meet
Reggae" Miana chante en duo avec Gregory Issacs et Innocent Kru. Bien sûr
c'est la voix raï de la chanson!
Malia: Son père était un maitre du chaabi réputé et elle l'accompagnait
dans les galas. Mélange de R'nB et de chaabi, sa voix contient des grains de
beauté qui s'amusent entre Brel et el Anka.
Rabia Asloum: Née dans le Sahara, elle reprend dans son disque: Prague de Rika
Zarai, la foule d'Edith Piaf et la Marseillaise…en arabe.
Souad Belhaddad : Journaliste, grand, reporter (lauréate du prix AFJ, des
femmes journalistes, en 1994).
Ecrivaine certes mais aussi one-woman showiste, Souad se moque des frontières.
Aujourd'hui, elle chante !
Biyouna: Star depuis longtemps en Algérie en tant qu'actrice et comédienne , le
talent de Biyouna explose aujourd'hui en France. Actrice " Le harem de Mme
Osmane " mais aussi chanteuse avec un un premier album remarqué, Biyouna
impose sa liberté… et on la suit , ravis, dans les rires qu'elle sait faire
surgir de toutes nos souffrances.
Dans la chanson, sa voix âpre tangue et ironise, non elle ne s'en laisse pas
conter.
Zahra N'soumer: La voix de femme cristalline de la chanson tube qu'a été
"A vava I nouva" c'est elle ! Cette grande chanteuse célèbre dans son
dernier disque l'amour, l'exil et la nostalgie, mais aussi la protestation.
Bien sûr, elle était là pour cette chanson !
Barbara Luna : Elle est les rythmes de l'Amérique du Sud, des ballades douces,
orageuses aux rythmes du Tango, du Candombé, de la salsa à la chacarera
argentine. Menant aujourd'hui une carrière internationale, cette nouvelle diva
argentine a voulu participer à la chanson, donnant aux mots de la langue arabe
qu'elle chante ici pour la première fois un frémissement exotique.
Annie-Flore Batchiellilys: Chanteuse exceptionnelle, kora d'or du meilleur
espoir féminin en 2002, poète, maniant le français et le punu (Gabon), femme
engagée, elle compose sur des rythmes africains mêlés à des éléments de jazz,
de blues, de variété. Sa voix fait trembler les frontières et écoutez-la bien
quand elle annonce " nos voix s'élèvent ". Avec elle, elles portent
très haut !
Akli D : Il a un style unique, poésie, langue kabyle, rythmes voyageurs, c'est
sa fusion folk-kabyle à lui et il sait nous la faire partager. L'entendez-vous
dans la chanson ? Voix masculine, il participe au chœur final car il sait qu'il
ne s'agit pas que d'une histoire de femmes.
Abdelaziz Yousfi: Auteur compositeur de talent, interpète et arrangeur,
il a plus d'un tour dans son sac et connaît aussi bien le chaabi
l'andalou le meddouh. Il a acompagné Fellag au piano dans son one man show et a
composé pour plusieurs artistes algériens dont Djamel Allam.
Engagé et généreux, il a accompagné de bout en bout l'élaboration de la
chanson. Vous entendez sa voix dans le dernier couplet, elle est à son image
douce et déterminée.
Mourad et Amirouche : deux frères auteurs compositeurs interprètes d'un
groupe renommé en Algérie Ineslyen. Pour l'occasion ils chantent en arabe dans
le chœur final.
Fiche technique
Titre du CD : " Ouech Dek Yal Qadi " (Eh juge qu'est ce qui t'a pris
?)
Nature : single
Contenu du CD :
- version longue (4'44'')
- version instrumental
- radio edit (3'30'')
Interprètes :
Pour les voix de femmes
Aîcha Lebgaa, Amira, Anne Flore Batchiellilys, Barbara Luna, Biyouna, Djura,
Faraka, Fettouma Ousliha, Hasna El Becharia, Israhn, Kamila Adli, Keltoum el
Aurassia, Miana, Malia, Mamia Cherif, Nadia Tachaouit, Rabia Asloum, Sam, Samia
Diar, Souad Aslaoui, Souad Belhaddad, Zahra N'Soumer, Zohra Bendaoud, Zora.
Pour les voix d'hommes
Akli D., Abdelaziz Yousfi, Mourad Inasliyen, Amirouche Inasliyen
Œuvre Collective (composition, texte et arrangement) :
Fawzia Baba Aissa, Malika Benameur, Messaoud Djemai, Abdelghani Torki, Tarik Yacine,
Abdelaziz Yousfi.
Studio d'enregistrement :
Studio " 7 production ", 137 bd Maxime Gorki à Villejuif.
Directeur : Abdelghani Torki
Producteur : 20 ans Barakat, association loi 1901.
L'ensemble des droits patrimoniaux des auteurs de l'œuvre collective et
interprètes de l'œuvre a été cédé à l'association 20 ans Barakat.
Financeurs - Sponsors :
SOLIFONDS - Zurich - (Fonds de solidarité pour les luttes de libération sociale
dans le tiers monde ; Rights and Democracy - Montréal ; Global Fund for Women
(USA)
Le clip
Durée : 4'44
Auteur: Aziz Smati
Réalisation: Philippe Roméo
Production: Label vidéo (Philippe Roméo)
Synopsis: Tournage en intérieur dans le studio d'enregistrement pendant la
séance de travail d'enregistrement de la chanson par les artistes interprètes.
Le montage a pour objectif de montrer chacune des interprètes dans sa
prestation individuelle, mais également dans le chœur constitué pour le
refrain, témoignant de l'action collective entreprise. Des inserts d'images de
femmes d'Algérie engagées dans les luttes pour la reconnaissance de leurs
droits sont prévues pour témoigner de l'ampleur de cette action.
Appel de la campagne
Code de la famille 20 ans Barakat (= ça suffit) !
Il y aura bientôt vingt ans que le Code de la Famille est en vigueur en
Algérie.
Cette loi de statut personnel institutionnalise depuis 1984 l'infériorisation
d'une moitié de la société par rapport à l'autre.
A l'égalité entre les femmes et les hommes, reconnue dans l'article 29 de
la Constitution algérienne, le code de la famille oppose l'inscription dans les
textes d'un deuxième collège, d'une sous citoyenneté pour les femmes qui se
traduit entre autres par :
- l'obligation pour toute femme d'un tuteur lors du mariage (art. 11) ;
- l'obéissance que doit accorder la femme à son époux en tant que chef de
famille (art. 39) ;
- le divorce par la seule volonté du mari qui équivaut à répudiation (art. 48)
;
- l'attribution automatique du logement au père lors du divorce des parents
(art. 52) ;
- l'impossibilité pour la femme de demander le divorce sauf situations extrêmes
(art. 53) ;
- l'autorité parentale strictement attribuée au père et refusée à la mère (art.
87) ;
- l'impossibilité pour une musulmane d'épouser un non-musulman (art. 31)
- la reconnaissance de la polygamie (art. 8) ;
- l'inégalité de l'héritage entre les femmes et les hommes (art. 126 à
183) .
Un tissu législatif tramé d'injustices…
Cette loi s'ajoute à d'autres dispositions inégalitaires de l'arsenal
législatif algérien dont le code de la nationalité selon lequel une femme
algérienne ne peut transmettre sa nationalité à ses enfants, la transmission ne
se faisant que par filiation paternelle.
Ce tissu législatif tramé d'injustices a permis et entretenu la fragilisation
de l'ensemble de la société, contribuant à son éclatement. Les massacres de
populations, les enlèvements et esclavages sexuels dont
…Une société fragilisée
des milliers de femmes sont l'objet depuis une dizaine d'années, les viols
collectifs perpétrés, comme à Hassi Messaoud en juillet 2001, par des citoyens
au-dessus de tout soupçon, et toutes les exactions quotidiennes contre les
femmes d'Algérie se nourrissent de ce statut légal qui place officiellement les
femmes à la disposition des hommes.
Maintenir ces inégalités c'est bafouer les principes d'égalité entre les
personnes, faire injure à la moitié de la population d'Algérie et
Où est l'égalité des êtres humains ?
l'exposer sans aucun recours à des pratiques masculines violentes et mortelles.
Maintenir ces inégalités envers et contre tout, c'est étouffer le noyau vital
de la société, composé de femmes, d'enfants et d'hommes, qui aspirent
profondément à la liberté et à la justice.
Abroger ces dispositions injustes et les remplacer par des lois fondées sur
l'égalité des sexes est un début de solution au drame algérien : reconnaître
leur valeur aux femmes permettra à leurs enfants et aux hommes de retrouver la
leur. Il est temps de proclamer et d'établir l'égalité entre les femmes et les
hommes. Il est temps de trouver le courage politique de mettre en œuvre cette
Donner de l'écho à cette campagne
égalité. Il est temps d'empêcher le Code de la Famille d'avoir vingt ans.
Nous vous appelons à participer à la campagne "le code de la famille 20
ans Barakat !". Cette campagne s'inscrit dans une lutte, débutée dés les
premiers projets proposés à l'Assemblée Nationale, qui reste actuelle,
l'abrogation du code étant toujours demandée avec force en Algérie. En effet,
même dans les pires années de terreur, pas un 8 mars, journée internationale
des femmes, ne s'est déroulé sans que cette revendication ne soit portée par
des milliers de voix de femmes en Algérie.
Conjuguer les initiatives
Il s'agit aujourd'hui de raviver cette lutte en conjuguant toutes les
initiatives que chacune et chacun d'entre nous peut mettre en œuvre. C'est à
toutes les associations, individus, collectifs, organisations qui soutiennent
cette revendication d'abrogation du Code de la Famille, de s'approprier à leur
manière cette campagne en initiant des actions, animations de leurs choix en
toute indépendance. L'idée est de créer un bruit de fond de campagne permanent,
porté par différents relais en Algérie bien sûr mais aussi dans tous les pays
où cette lutte peut avoir un écho. La campagne, qui débutera en 2003, se
poursuivra en 2004 et pourra prendre différentes formes, l'objectif étant
l'abrogation du Code de la Famille.
L'association 20 ans Barakat
Association loi 1901 qui a pour objet (journal officiel 8 février 2003) de
lancer une campagne médiatique destinée à organiser un vaste mouvement
d'information sur le code de la famille, loi algérienne qui régit le statut
personnel en Algérie, afin d'obtenir son abrogation.
L'association aura pour mission de rassembler et diffuser des informations,
d'organiser des animations, de soutenir les individus, associations ou projets
ayant des objectifs similaires.
Siège social: Un livre une vie, FOL, 2 rue Claude Bernard, 21 000 Dijon.
Contacts:
Fawzia Baba Aissa: Fawzia.Baba-Aissa@u-bourgogne.fr
Caroline Brac de la Perrière: carobrac@mnet.fr
Nadia Liassine : nliassine@wanadoo.fr
Assia Yacine: assia.yacine@u-bourgogne.fr
L'association 20 ans barakat s'inscrit dans le collectif " Code de la
famille : 20 ans barakat ".
Associations du collectif Code de la famille : 20 ans barakat:
En Algérie :
Tharwa Fadhma n'Soumeur
Association SOS Femmes en détresse
Association Volonté initiative et engagement (VIE)
Association défense et promotion des droits des femmes (ADPDF)
Association indépendante pour le triomphe des droits des femmes (AITDF)
En France :
New ways
Association 20 ans barakat
Collectif Code de la famille 20 ans barakat - Coordination 8 mars
Etre femme en Algérie : quelques dates marquantes
1965 : Grande manifestation de femmes revendiquant une égalité des droits.
1966 : premières rumeurs sur le projet du code de la famille
1972-1979 : plusieurs avant projets de code de la famille sont élaborés puis
entérrés.
1981 : manifestations de femmes et pétition de milliers de signature dénoncant
le secret fait autour du projet de code de la famille.
1982 : les anciennes moudjahidates et ex condamnées à mort appellent le
Président de la République à rejeter le projet de code de la famille.
Le 9 juin 1984 : Adoption officielle du code de la famille au contenu secret
jusque là par l'Assemblée Populaire Nationale.
1979-1985 : adoption de nombreuses mesures régressives et répressives à l'égard
des femmes notamment l'interdiction de sortie du territoire sans tuteur.
1985 : création de la première association indépendante de femmes, l' "
Association pour l'Egalité devant la Loi entre les hommes et les femmes ".
1988-1991 : création de nombreuses associations de femmes.
1990 : manifestation de milliers de femmes pour demander l'abrogation du code
de la famille.
1991 : Annulation par arrêt du conseil constitutionnel de l'article permettant
le vote à la place du conjoint .
1992 : élaboration du guide orange des droits des femmes.
1995 : publication des " cent mesures pour une codification maghrébine
égalitaire du statut personnel et du droit de la famille " par le
collectif 95 Maghreb égalité.
1996 : lettre ouverte des associations de femmes au Président de la République
demandant la ratification sans réserve de la convention de Copenhague sur
l'élimination de toutes les formes de discriminations à l'égard des femmes et
la déclaration de l'anticonstitutionnalité du code de la famille.
1997 : Lancement d'une pétition nationale sous le mot d'ordre " pour les
droits des femmes dans la famille " initiée par une douzaine
d'associations de femmes.
2001 : nombreuses exactions commises contre des femmes vivant sans homme ont eu
lieu dans divers endroits du pays.A Hassi Messaoud 300 individus ont ainsi
menés, en une nuit, un véritable raid contre une cinquantaine de femmes seules
ou avec enfants.
1992-2002 : les femmes face à la violence intégriste - intimidation pour le
port du hidjab, agressions, viols, kidnappings, assassinats, massacres… Les
associations de femmes manifestent régulièrement contre l'intégrisme.
2003 : lancement par les associations de femmes de la campagne " code de
la famille : 20 ans barakat "
La presse en a parlé
El watan 7/8 mars 2003
ASSOCIATIONS FÉMININES
Avoir le courage politique. A l'occasion de la célébration de la Journée
internationale de la femme, le 8 mars, quatre associations féminines
(SOS-femmes en détresse, AITDF, Défense et promotion et Tharwa N'fadhma
N'soummeur) lancent un appel pour la campagne "Code de la famille, 20 ans
barakat".
Une campagne durant laquelle plusieurs activités sont prévues jusqu'au 8 mars
2004. Ces associations ont décidé de lancer cette opération pour que tout le
monde entende parler de ce code et de ses effets discriminatoires. "A
l'égalité entre les femmes et les hommes, reconnue dans l'article 32 de la
Constitution algérienne, le code de la famille oppose l'inscription dans les
textes d'un deuxième collège, d'une sous-citoyenneté pour les femmes qui se
traduit, entre autres, par l'obligation pour toute femme d'un tuteur lors du
mariage, l'obéissance que doit accorder la femme à son époux en tant que chef
de famille, l'impossibilité pour une musulmane d'épouser un non-musulman, la
reconnaissance de la polygamie, le divorce par la seule volonté du mari qui
équivaut à répudiation, attribution automatique du logement au père,
l'impossibilité pour la femme de demander le divorce sauf situations extrêmes,
l'autorité parentale attribuée au père et refusée à la mère et enfin
l'inégalité de l'héritage entre les femmes et les hommes", rappellent les
militantes des droits des femmes. Pour elles, abroger ces dispositions injustes
et les remplacer par des lois fondées sur l'égalité des sexes sont un début de
solution au drame algérien. "Il est temps de trouver le courage politique
de mettre en œuvre cette égalité. Il est temps d'empêcher le code de la famille
d'avoir 20 ans", ajoutent-elles. Cette campagne se veut un dénominateur
commun pour raviver cette lutte en appelant à conjuguer la plus grande variété
de manifestations. Ainsi, le collectif des associations, en collaboration avec
l'association Patrimoine pour la préservation et la sauvegarde, lance un appel
à un concours pour une meilleure affiche autour du vécu des femmes algériennes
généré par les discriminations du code de la famille. Les lauréats de ce concours
seront récompensés à l'occasion du 8 mars 2004 où une exposition des œuvres
sera programmée. En attendant, d'autres actions seront prévues toute l'année
telles que les soirées lecture autour du code de la famille, un concours
d'écriture, réalisation d'un court métrage, de pièces de théâtre et de bandes
dessinées. Ce type d'actions est, selon les initiatrices de ce projet, l'unique
moyen pour faire avancer les choses jusqu'à l'abrogation de ce code. Une
conférence de presse est prévue pour mardi prochain pour annoncer
officiellement le lancement de cette campagne et l'appel au concours. Les
quatre associations n'ont pas manqué de dénoncer l'instauration par décret
présidentiel d'un mufti de la République. "Un signe de plus dans la
régression de la société algérienne", ont-elle
signalé.
Par Djamila Kourta
Le matin du 12 mars 2003.
Abrogation du code de la famille
Des associations lancent une campagne
Faire en sorte que le code de la famille n'atteigne pas ses 20 ans en 2004, tel
est le défi que s'est fixé un collectif de quatre associations féminines. Il
s'agit de Tharwa Fadhma n'Soumeur, association SOS Femmes en détresse,
association Volonté initiative et engagement (VIE), Association défense et
promotion des droits des femmes (ADPDF) et Association indépendante pour le
triomphe des droits des femmes (AITDF), qui ont décidé de lancer une campagne
pour son abrogation pure et simple. C'est au cours d'une conférence de presse
organisée, hier, au siège de l'association SOS Femmes en détresse que les buts
et moyens de cette action ont été expliqués par des représentantes de ces
organisations qui se disent déterminées à faire aboutir leur démarche.
Celle-ci, faut-il le préciser, est ouverte à l'ensemble de la société civile
dont des organisations ont d'ores et déjà annoncé leur adhésion, à l'image de
l'association Djazaïrouna, du collectif femmes du MDS, du Mouvement algérien
pour la paix et le développement, du mouvement citoyen de Kabylie. "
Toutes les initiatives sont les bienvenues, il ne s'agit pas uniquement
d'adhérer mais également de faire des propositions ", explique-t-on.
Concrètement, cette campagne lancée par un appel à adhésion débute par un
concours de la meilleure affiche symbolisant les méfaits de ce code, pour se
poursuivre à travers des actions d'information et de sensibilisation en
direction des représentants de la société civile, par le biais de plusieurs
relais, dont les médias, les cités et centres universitaires, des portes
ouvertes Cinq wilayas (Alger, Constantine, Oran, Tamanrasset et Tizi Ouzou)
sont déjà acquises au projet. Des comités y uvrent pour la large diffusion de
cette campagne. Il est question même de relais étrangers en vue de toucher la
communauté maghrébine qui y est installée. Dans un délai de six mois, une
première évaluation sera faite des actions qui auront pu être effectivement
menées et, éventuellement, en prévoir d'autres. " Nous voulons constituer
une sorte de réquisitoire en vue d'interpeller les pouvoirs publics sur cette
question.
Nous estimons que seul le courage politique pourra la régler définitivement
", insiste Mme Harhad, présidente de l'AITDF. Les conférencières se disent
conscientes de la difficulté de la tâche mais refusent de s'avouer vaincues en
dépit des multiples obstacles auxquels elles s'attendent, comme ce fut toujours
le cas lorsqu'il s'agissait de se lancer dans pareille entreprise.
Les militantes du mouvement associatif féminin sont également conscientes du
risque de s'attirer les foudres des islamistes lesquels, rappelons-nous,
avaient réagi par le passé lorsqu'une pétition a été lancée à ce sujet. "
On ignore totalement la prise de position des islamistes qui ne représentent
qu'eux-mêmes. Nous voulons sensibiliser la société autour de cette question que
même la plus religieuse des femmes rejetterait.
Il est inadmissible que la femme algérienne continue d'être un déni de justice
dans un pays qui se proclame de la démocratie ", déclare Mme Ouared.
Mekioussa Chekir