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Le féminisme, enjeu de la lutte anti-libérale Par Joelle
Palmieri Les mouvements anti-libéraux sont en marche et passent
souvent à côté du féminisme. Volonté politique, méconnaissance, erreur
d’analyse ou tout simplement indifférence? Les choses bougent, les rencontres
successives en attestent. En France, les
fondements mêmes de la République, hérités de la Révolution Française, et le
code Napoléon emmurent le pays dans une position extrêmement antiféministe et
patriarcale. Au moment du débat sur la parité, ceux qui s’y opposaient
mettaient en avant la notion d’"un citoyen abstrait", indifféremment
homme ou femme, qui symbolise “ notre ” République, seule
dépositaire de la démocratie. L’universalisme, dont ils revendiquent le label
républicain, masque, en fait, un régime féodal sexiste dont les femmes sont
exclues. La parité, en faisant apparaître les deux genres, féminin et
masculin, démasque cette imposture, sans pour autant y remédier (le texte
voté n’a rien à voir avec la théorie féministe développée). Soutenue par la
majorité des partis de gauche, elle ne résout néanmoins pas la question de l’égalité,
qui n’est toujours pas un principe, bien au contraire. Il existe des
contradictions fondamentales entre l’affirmation révolutionnaire posant
l’égalité comme partie prenante du projet politique français, “liberté,
égalité, fraternité”, avec l’exclusion de toutes les femmes de la
citoyenneté, jusqu’en 1944. Dans la foulée, les Françaises ont dû attendre
1967 pour obtenir le droit à la contraception, 1974, pour celui à
l’avortement et 1980 pour la reconnaissance par les tribunaux du viol
conjugal… et, on l’aura compris, le féminisme ne s’arrête pas à la conquête
de ces droits. Selon Marie-Victoire Louis, sociologue, il existe une
“ cohérence du système qui s’est construit sur les fondements
patriarcaux du droit, inscrits dans la sphère dite, de manière inappropriée,
du “privé” ”. De fait,
l’antiféminisme prédomine et obère toute critique sérieuse du système
libéral. Les organisations de gauche comme les syndicats n’y échappent pas.
Selon Christine Bard, historienne, “ maintes fois, les féministes, analysant
leurs rapports avec les hommes de gauche comme de droite, ont souligné leur
indifférence, leur hypocrisie, leurs préjugés, et noté que leurs rares alliés
manifestaient une sensibilité – d’ailleurs difficile à définir – sans rapport
évident avec leur orientation idéologique ”. Cette indifférence se
paiera cher. Un défi à relever Les femmes
représentent à la fois les principales victimes de la mondialisation
financière mais aussi les principales porteuses de résistance. Les tribunaux
pénaux internationaux pour le Rwanda, pour l’ex-Yougoslavie, ont été
principalement imposés par les femmes qui refusent les génocides, les crimes
contre l’humanité, les viols, l’épuration ethnique… Aux Philippines, les
femmes ont fait fermer des bases militaires américaines, ce qui a libéré pour
leur pays des sommes d’argent monumentales. Cette lutte pour la paix
représente tout un arsenal d’actions liées à l’éducation, à la santé… vers
une véritable justice sociale. En France, au
sein d’Attac, une initiative “ femmes d’Attac ” <
11-jp-mondiali-attac>a vu le jour et s’inscrit délibérément dans une
logique du “ pour ” en opposition à celle du “ contre ”.
Quatre femmes et un homme ont pris la parole durant 25 minutes à la tribune
de l’AG de St-Brieuc, pour convaincre 700 militant-es que l’intégration de la
dimension du genre dans ce mouvement d’éducation populaire est inéluctable.
Penser la parité des instances, l’organisation de rencontres hors
contre-“ quelque chose ”, l’instauration des moyens de la mixité,
la sexuation des analyses, la lutte contre le patriarcat, intégrer la
dimension du genre, inventer une “ bourse < 11-jp-citoyen-bisou>
où l'on n'échange rien que ce qui n'a pas de valeur… ”, font partie de
la panoplie des actions à mettre en œuvre si ce mouvement ne veut pas périr
dans l’œuf. De fait, tout mouvement contre le libéralisme devrait remettre en
cause tous les pouvoirs, tous les intérêts, toutes les hiérarchies, pour être
redistribués de manière égale. Comme le souligne Marie-Victoire Louis, il est
temps de travailler ensemble, hommes et femmes, “ à la construction d’un
autre universalisme : ni patriarcal, ni sexiste, ni raciste, ni
homophobe, ni impérialiste, ni nationaliste... ”. A suivre, donc. |