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Devenir mère : le prix fort par Elsa Boulet Telle est à la
fois la principale revendication des femmes et la conclusion de la première
partie d'une importante étude à deux volets menée par mesdames Catherine
Bourgault et Anne Quéniart, pour la partie sociale et Ruth Rose et Catia
Corriveau-Dignard, pour la partie économique, pour le compte du Regroupement
Naissance-Renaissance, qui a procédé à son lancement à Montréal en présence
de plusieurs groupes de femmes, d'organismes communautaires, de syndicats et
d'universitaires. Subventionnée
par Condition féminine Canada dans le cadre du Programme Promotion de la
femme, cette étude intitulée " Vers la reconnaissance économique et
sociale de l'engagement de la mère pendant la période périnatale "
s'étend sur quelques 200 pages et comporte quinze pistes de recommandations. La difficulté
de conjuguer responsabilités familiales et travail rémunéré devient non
seulement le problème de chaque mère travailleuse mais également celui de la
société, notent les auteures. D'où l'importance et la pertinence de prendre
en considération les impacts sociaux et économiques de l'articulation
maternité-travail. Au plan économique, les femmes paient leur maternité Mesurant le
coût économique de la maternité pendant la période périnatale par le manque à
gagner ou le " revenu sacrifié " des femmes qui accouchent ou
adoptent un enfant et le coût additionnel que doit payer une femme qui
choisit d'allaiter pendant une période qui dépasse celle du congé de
maternité ou parental rémunéré, les auteures favorisent l'approche des
portraits-types, représentatifs des diverses situations que peuvent vivre les
femmes au moment de la naissance ou de l'adoption d'un enfant. Elles étudient
l'influence de facteurs tels le type et la qualité de l'emploi occupé, la
nécessité ou non de prendre un retrait préventif et sa durée, la durée du
congé de maternité, l'admissibilité aux programmes publics et privés de
remplacement du revenu, et la situation familiale (présence d'un conjoint et
son niveau de revenu, nombre d'enfants). " Malgré
le rétrécissement de la dichotomie traditionnelle entre les rôles féminins et
masculins, ce sont toujours les femmes qui subissent les principales
conséquences économiques du choix d'avoir des enfants " en assumant
notamment 78% plus de temps que les hommes à effectuer un travail non
rémunéré qui inclut les soins et l'éducation des enfants, de souligner les
auteures en ajoutant que " les nouvelles mères paient encore très cher
leur décision de devenir parent ". Les résultats
de l'étude démontrent que les seules femmes qui s'en tirent assez bien sont,
d'une part, celles qui sont en retrait préventif et, d'autre part, celles qui
sont admissibles à la clause maternité des services public et parapublic du
Québec. Celles qui perdent le plus sont qui ne sont ni admissibles à
l'assurance emploi, ni aux prestations de maternité, notamment les étudiantes,
beaucoup de travailleuses à temps partiel et les travailleuses autonomes. Les pistes de
recommandations de l'étude, au nombre de 15, portent notamment sur la durée
du congé de maternité, l'instauration d'un congé paternel, la durée du congé
parental qui permet de prolonger l'allaitement, la protection du droit de
prendre un congé de paternité, le droit à un congé prolongé à partir du
troisième enfant, le congé pour responsabilités parentales, le taux de remplacement
du revenu, le maximum des gains admissibles et la protection des femmes qui
ne sont pas sur le marché du travail. A partir des
résultats de cette recherche et des consultations, le Regroupement "
élaborera des stratégies afin d'interpeller les décideurs et d'obtenir des
gains concrets pour la reconnaissance sociale de la maternité et l'amélioration
des conditions économiques des femmes pendant la période périnatale ainsi que
la protection de leurs acquis financiers et professionnels actuels et futurs
", de dire madame Lévesque Pour renseignements Line Lévesque Coordonnatrice Regroupement Naissance-Renaissance Téléphone :
(514) 392-0308 Piste de des recommandations On trouvera
ci-après la liste des 15 pistes de recommandations formulées par les auteures
de l'étude. Des copies de cette étude sont disponibles au Regroupement
Naissance-Renaissance, au numéro (514) 392-0308. 1. Que l'on
instaure un congé de maternité de 18 semaines entièrement indemnisé, c'est à
dire sans période de carence. Un congé de
paternité réservé aux pères 2. Que l'on
réserve une période de 5 semaines pour un congé de paternité lorsqu'il y a
garde conjointe. Dans le cas des familles monoparentales, lorsqu'il n'y a pas
de père, la mère devrait pouvoir prendre ces semaines ou les transférer à une
personne de son choix, la grand-mère de l'enfant, par exemple. Un congé aux
parents lors de la naissance 3. Que l'on
accorde un congé rémunéré de 10 jours ouvrables aux pères et aux mères au
moment de la naissance ou de l'adoption d'un enfant. Que, dans le cas d'une
famille monoparentale, la mère puisse transférer les journées du père à une
personne de son choix et qu'il y ait une indemnisation minimale si cette
personne n'est pas admissible à l'assurance Un congé
parental plus long qui permettrait de prolonger l'allaitement 4. Que l'on
accorde un congé parental de 30 semaines aux parents biologiques qui
pourraient être partagés entre eux à leur gré. Les parents pourraient prendre
ce congé à temps partiel et jusqu'à ce que l'enfant ait atteint l'âge de huit
ans. Durée du congé
d'adoption 5. Que l'on
accorde un congé d'adoption de 34 semaines aux parents adoptifs, dont 4
semaines seraient réservées au père et 4 semaines à la mère (s'il y a
adoption conjointe). Ce congé pourrait être pris au moment où les parents
prennent la garde de l'enfant, même si l'adoption officielle a lieu plus
tard. Les parents pourraient prendre ce congé à temps partiel et jusqu'à ce
que l'enfant ait atteint l'âge de huit ans. Protection du
droit de prendre un congé 6. Que toutes
les provinces et le gouvernement fédéral révisent leur loi sur les normes du
travail afin d'assurer que toutes les femmes aient le droit de prendre un
congé de maternité, que tous les nouveaux parents aient le droit de prendre
leur congé de paternité, parental ou d'adoption et que leur droit de retourner
au même emploi soit pleinement protégé, sans perte d'avantages sociaux ou de
droits de progression. Un congé
prolongé à partir du troisième enfant 7. Que l'on
instaure un congé parental prolongé de 26 semaines lorsqu'un troisième enfant
est né ou adopté. Ce congé serait rémunéré à 100 $ par semaine en $
équivalents de 1998, c'est-à-dire qu'il serait indexé au coût de la vie. Des congés pour
responsabilités parentales 8. Que l'on
permette à chaque parent de prendre jusqu'à 10 jours par année pour remplir
des obligations reliées à la garde, à la santé ou à l'éducation de son enfant
mineur. Les premières 5 journées rémunérées par l'employeur et les autres 5
journées par la caisse d'assurance parentale. Dans le cas
d'un enfant handicapé, d'un enfant atteint d'une maladie de longue durée
(plus de deux semaines), le parent serait admissible à un congé d'un maximum
de deux mois financés par la caisse d'assurance parentale. 9. Que le taux
de remplacement du revenu pendant les congés de maternité, de paternité,
parentaux et d'adoption soit de 70% du revenu brut et qu'il soit imposable.
Qu'à plus long terme, on augmente le taux de remplacement à 90 %. La couverture
d'un nouveau régime 11. Que le
nouveau régime d'assurance parentale couvre toute travailleuse et tout
travailleur, ainsi que toute travailleuse ou tout travailleur autonome, qui a
gagné au moins 2000 $ au cours de l'année précédant le début du congé. Que
l'on élabore de nouvelles modalités afin de rendre plus cohérents nos régimes
d'assurance sociale, tout en respectant la juridiction du Québec. Le maximum des
gains assurables 12. Que le
maximum des gains assurables soit de 52 500 $ (ou le même montant que celui
de l'assurance pour les accidents et maladies de travail du Québec au moment
de l'instauration du régime d'assurance parentale). 13. Que les
gouvernements instaurent des prestations de maternité et parentales maximum
de 100 $ par semaine (environ 106 $ en l'an 2001) pour tous les nouveaux
parents pendant 52 semaines. Ce montant devrait être indexé au coût de la vie
et révisé vers le haut périodiquement. 14. Que les
femmes admissibles à l'aide sociale reçoivent le barème de soutien financier
entre la 20e semaine de grossesse et jusqu'à ce que leur plus jeune enfant
ait atteint l'âge de 2 ans. Ce barème devrait également être versé aux femmes
enceintes de moins de 20 semaines dans le cas où elles ne sont pas aptes au
travail. Le programme APPORT devrait être renforcé afin d'améliorer le revenu
des parents travaillant à temps partiel ou à faible salaire. 15. Que le
programme de prêts-bourses soit révisé de façon à assurer au moins
l'équivalent du barème de soutien financier d'aide sociale (en plus des frais
liés aux études) à tous les étudiantes et étudiants ayant des enfants d'âge
préscolaire. Les frais de garde devraient être pleinement couverts et les
monoparentales ou monoparentaux avec de jeunes enfants et étudiants à temps
partiel devraient être admissibles à ces programmes. |