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L’Europe
à mi-chemin du combat contre la traite des femmes Par Malin Björk
Malgré cela, rien que le fait de
faire une proposition pour combattre la traite des êtres humains constitue un
avancement au niveau européen pour lutter contre un crime européen. Enfin !
Dans la proposition de la Commission européenne, les actions principales
s’appuient sur une législation plus forte et plus efficace, sur la
coopération judiciaire et policière pour trouver et punir les trafiquants et
tous les acteurs impliqués, sur l’importance de prendre en compte la
situation socio-économique dans les pays d’origines, de mettre en place des
services de soutien pour les victimes de la traite, etc. Toutefois, la proposition ne va
pas assez loin et n’arrive à traiter qu’une face de la pièce. Selon la
proposition de la Commission européenne, tous les problèmes et les causes de
la traite des femmes sont à trouver ailleurs, dans les pays d’origine. On ne
dit pas un mot du pays destinataires, le ‘marché’ où cette ‘marchandise’
européenne est destinée. Tous les philosophes européens semblent du coup
avoir oublié leurs théories hégémoniques du marché, qu’ils appliquent aussi
follement dans tous les autres domaines. Pourquoi n’y a-t-il personne qui
parle des interventions pour combattre l’industrie de sexe en Europe de
l’Ouest (les pays destinataires), par exemple à Strasbourg, où ce ‘marché’
est encore plus profitable pour les exploiteurs des femmes quand il y a une
session du Parlement européen ? Cette réalité montre à la fois le
visage de l’exploitation sexuelle en Europe aujourd’hui, ainsi qu’une des
dimensions principales dans l’exploitation sexuelle et l’industrie de sexe :
la notion de la prostituée comme “ l’Autre ” (pas mes sœurs, ma famille, etc.).
L’identification des femmes dans l’industrie de sexe comme “ les Autres
femmes” reste de plus en plus basée sur la division entre les femmes de ‘chez
nous’ et les femmes ‘d’ailleurs’. Les hommes de l’Europe de l’Ouest achètent
de plus en plus les femmes de l’Europe de l’Est et Centrale, et la traite des
femmes sert donc à fournir ces femmes “ d’ailleurs ”. La logique derrière
l’industrie du sexe en Europe de l’Ouest n’est donc pas seulement sexiste,
elle est aussi raciste… |