L'avortement en Argentine
En Argentine, un million de femmes avortent par an.
Officiellement, deux femmes par jour en meurent et 15.000 par an souffrent de
graves séquelles. Sous la pression de l'Eglise, très influente en Argentine,
l'avortement est interdit, sauf dans deux situations: en cas de viol sur une
femme idiote ou démente, ou en cas de danger pour la santé ou la vie de la
femme enceinte. Cependant, les avortements légaux sont très rarement appliqués.
Les femmes les plus fortunées payent plus de 500 dollars pour se faire avorter
dans des cliniques privées de grand luxe (le salaire moyen est de 200 dollars).
Les autres, c'est à dire l'immense majorité d'entre elles (60% de la population
argentine vit sous le seuil de pauvreté) ont recours aux aiguilles à tricoter,
aux sondes, aux concoctions de toutes sortes. En août dernier, le 18e
Rassemblement de Femmes a réuni plus de 12.000 femmes à Rosario. Le mot d'ordre
a été : avortement légal et gratuit. Il a été décidé l'organisation d'une
manifestation dans tout le pays le vendredi 26 septembre à 16 heures, à
l'occasion de la Journée pour la Libéralisation de l'Avortement en Amérique
Latine et aux Caraïbes, le 28 septembre.
Le texte ci-dessous est une
pétition qui sera publiée le jeudi 25 septembre 2003 dans le journal argentin
Pagina/12, la veille de la manifestation, avec sa traduction en français.
Traduction française :
28 Septembre 2004 : Journée pour la légalisation de
l'avortement en Amérique Latine et dans les Caraïbes
Pour une sexualité autonome, complète et soignée, nous
exigeons des ANTICONCEPTIFS POUR NE PAS AVORTER
En défense de la vie des femmes, nous réclamons
L'AVORTEMENT LÉGAL POUR NE PAS MOURIR
Lors du XVIII Rassemblement
des Femmes réalisé en août à Rosario, des milliers de femmes de toutes les
conditions, unies en un seul mouvement, avons donné notre visage et notre voix
au million de femmes qui avortent tous les ans dans notre pays où, selon divers
sondages, la plus grande partie de la population est favorable à la
dépénalisation de l'avortement. Renforcées par la mobilisation populaire
historique de décembre 2001, nous affrontons le pouvoir autoritaire de la
hiérarchie catholique alliée au pouvoir politique et économique patriarcal, qui
prétend imposer ses dogmes à toute la population. Nous élevons notre voix
contre l'oppression sexuelle fondamentaliste d'une Eglise qui poursuit les gays
et lesbiennes, qui a béni tortionnaires et assassins et qui protège ses propres
délinquants.
NOUS EXIGEONS UN ETAT LAIQUE ET RÉELLEMENT SEPARE DE
L'EGLISE CATHOLIQUE
Nous, les femmes, sommes
protagonistes de notre histoire et nous sommes déterminées à construire un
autre monde. Un monde où le droit des femmes à la vie ne soit pas menacé par
leur vulnérabilité inhérente à la grossesse et à l'accouchement et où cette
vulnérabilité ne soit pas empirée par le manque d'accès à la santé et à
l'éducation. Nous voulons exercer notre droit à être mères par choix, libres de
décider sur notre corps et notre sexualité. CELA SERA POSSIBLE LORSQUE
TOUTES LES FEMMES QUI LE DECIDERONT AURONT ACCES A L'AVORTEMENT LEGAL, GRATUIT
ET SUR DANS LE SYSTEME DE SANTE PUBLIC.
L'avortement sûr doit cesser
d'être un privilège des femmes qui ont de l'argent. NOUS EXIGEONS QU'IL N'Y
AIT PLUS DE MORT DE FEMMES PAUVRES A CAUSE D'AVORTEMENTS MAL FAITS. Nous
nous auto convoquons dans tout le pays pour contrôler l'application de la Loi
Nationale de Santé Sexuelles et de Procréation Responsable, conquête qui, avec
ses défauts et de grandes lacunes, doit être améliorée et consolidée. Le droit
à l'avortement, en vigueur pour deux tiers de la population mondiale, fait
partie de l'ensemble indissociable des droits humains. La Commission des droits
humains de l'Onu a exhorté de modifier sa législation pénale pour diminuer la
très importante mortalité de femmes des suites d'avortement et le manque
d'équité issue de sa clandestinité.
NOUS AFFIRMONS QUE LA LEGALISATION DE L'AVORTEMENT EST
UNE QUESTION DE DROITS HUMAINS DES FEMMES
Les soussigné-es
reconnaissons qu'aboutir à ces changements ne concerne pas seulement les
femmes. Il s'agit d'une lutte pour la dignité de ceux et celles qui désirent
amplifier et approfondir une démocratie véritable, sans impunité ni privilèges
par secteurs. Pour exiger ces changements, nous vous invitons toutes et tous,
le vendredi 26 septembre, face au Congrès national, à partir de 16 heures, pour
une manifestation jusqu'à Plaza de Mayo.
ASSEMBLEE POUR LE DROIT A
L'AVORTEMENT
Signatures à envoyer à (sans
nécessité de copier/coller le texte):
feminismeargentine@yahoo.fr
Préciser prénom, nom,
organisation/association, pays