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préambule de la Convention est éloquent : "Un travail conjoint a
déjà été initié entre le ministère de l'éducation nationale, de la
recherche et de la technologie et les instances chargées des droits des
femmes et a donné lieu à la signature de deux conventions en 1984 et en
1989, cette dernière étant plus précisément centrée sur l'ouverture aux
filles des enseignements technologiques et professionnels. Il s'agit
aujourd'hui, pour le système éducatif, d'aller plus loin et de définir une
politique globale d'égalité des chances entre les sexes en direction de
tous ses acteurs, du préélémentaire à l'enseignement supérieur, de la
formation initiale à la formation tout au long de la vie.". Plus loin,
ce vaste projet est ainsi résumé : "Promouvoir une éducation
fondée sur le respect mutuel des deux sexes.".
La problématique de l'égalité des sexes prend donc place officiellement
dans les priorités éducatives ; et ce, fait primordial, dès les
petites classes. Dans les textes – mais l'inscrire dans les pratiques
nécessite un travail de longue haleine, qui passe par la sensibilisation
des futur-es enseignant-es, quels que soient les cycles et les filières
auxquels ils se destinent.
Des résistances encore fortes
L'Institut Universitaire de Formation des Maîtres (IUFM) de Lyon a été
choisi comme établissement pilote pour la mise en œuvre de la Convention.
Michelle Zancarini-Fournel, professeure des universités en histoire
contemporaine (histoire des femmes), co-directrice de la revue Clio,
chargée de cette mission novatrice, se réjouit de voir enfin déboucher les
bonnes intentions sur des modules de formation.En 2000-2001, un tiers des
stagiaires de Lyon en ont bénéficié ; les deux tiers étaient concernés
en 2001-2002. Des formations à l'égalité étaient aussi données à Toulouse.
En 2002-2003, ce devait être généralisé aux autres IUFM de France.
Le module de base totalise 6 heures : 3 heures d'étude de la
Convention et de ses fondements théoriques, 3 heures d'analyse des
pratiques. Le travail se fait par petits groupes d'une trentaine de
personnes. L'expérience a en effet montré que donner des conférences en
amphithéâtre, c'était courir le risque d'avoir maille à partir avec des
perturbateurs. Car la formation se heurte à des résistances. Le mythe de la
neutralité de l'élève et de l'enseignant-e reste fort, qui permet
d'occulter la problématique. "C'est une formation très compliquée,
rapporte Michelle Zancarini-Fournel. On leur apporte un enseignement, mais
des stagiaires ont l'impression qu'on les implique personnellement."
La preuve par l'observation
Toutefois, à la seconde séance, quand les élèves rendent compte des
pratiques qu'ils ont observées lors de leurs stages dans des
établissements, ils s'avouent étonnés des résistances qu'ils ont
rencontrées. "Ils ne voient pas leurs propres résistances, mais ils
remarquent celles des autres". Ils notent, par exemple, la
non-inscription dans le règlement intérieur du respect mutuel des deux
sexes ; ou pour les futur-es profs de maths, l'abondance des énoncés
sexistes dans les problèmes. Un déclic s'est donc produit.
Michelle Zancarini-Fournel n'a pas remarqué de différences très notables
entre les réactions des filles et celles des garçons. Par contre, les
stagiaires de certaines filières se montrent plus convaincus :
"Les anglicistes sont familiarisés avec la problématique du genre, car
dans les pays anglo-saxons, les études féministes sont entrées dans les
mœurs. Les futurs enseignants en éducation physique et sportive, qui
travaillent sur le corps, savent qu'ils ne peuvent faire l'impasse sur les
relations entre filles et garçons."
Les violences dénoncées
Ceux et celles qui le désirent peuvent poursuivre la formation par un
module de 24 heures, un des parcours optionnels proposés à l'IUFM. Ce
choix est davantage prisé par les futur-es CPE (Conseiller Principal
d'Education, ex-surgé). Ayant à charge l'ambiance de l'établissement, les
problèmes de discipline et de relations humaines, ceux-ci sont directement
confrontés au sexisme ordinaire, et notamment aux violences sexuées.
Abordant ce chapitre, la Convention affirme : "La violence, sous
toutes ses formes, est favorisée par les stéréotypes concernant le rôle des
sexes." Formidable avancée, qui signe la reconnaissance d'un point de
vue défendu depuis belle lurette par les féministes. Pour les CPE, l'enjeu
est tangible, au quotidien pour le moins. L'est-il pour tout le
monde ? Michelle Zancarini-Fournel sait que dans le corps enseignant,
la nouvelle formation est souvent accueillie avec scepticisme, voire
dérision. "Mais il faut s'appuyer sur les convaincu-es !".
D'ores et déjà, l'égalité à l'école ne peut plus être considérée comme une
idée fixe de quelques radoteuses. C'est une directive nationale, qui ne
demande plus qu'à être suivie – et voilà un progrès d'envergure !
Le préambule de la Convention
est éloquent : " Un travail conjoint a déjà été initié entre le
ministère de l'éducation nationale, de la recherche et de la technologie et
les instances chargées des droits des femmes et a donné lieu à la signature
de deux conventions en 1984 et en 1989, cette dernière étant plus
précisément centrée sur l'ouverture aux filles des enseignements
technologiques et professionnels. Il s'agit aujourd'hui, pour le système
éducatif, d'aller plus loin et de définir une politique globale d'égalité
des chances entre les sexes en direction de tous ses acteurs, du
préélémentaire à l'enseignement supérieur, de la formation initiale à la
formation tout au long de la vie. ". Plus loin, ce vaste projet est
ainsi résumé : " Promouvoir une éducation fondée sur le respect
mutuel des deux sexes. ". La problématique de l'égalité des sexes
prend donc place officiellement dans les priorités éducatives ; et ce,
fait primordial, dès les petites classes. Dans les textes – mais l'inscrire
dans les pratiques nécessite un travail de longue haleine, qui passe par la
sensibilisation des futur-es enseignant-es, quels que soient les cycles et
les filières auxquels ils se destinent.
Des résistances encore fortes
L'Institut Universitaire de Formation des Maîtres (IUFM) de Lyon a été
choisi comme établissement pilote pour la mise en œuvre de la Convention.
Michelle Zancarini-Fournel, professeure des universités en histoire
contemporaine (histoire des femmes), co-directrice de la revue Clio,
chargée de cette mission novatrice, se réjouit de voir enfin déboucher les
bonnes intentions sur des modules de formation. L'an dernier, un tiers des
stagiaires de Lyon en ont bénéficié ; les deux tiers sont concernés
cette année. Des formations à l'égalité sont aussi données à Toulouse. En
2002-2003, ce devrait être généralisé aux autres IUFM de France. Le module
de base totalise 6 heures : 3 heures d'étude de la Convention et de
ses fondements théoriques, 3 heures d'analyse des pratiques. Le travail se
fait par petits groupes d'une trentaine de personnes. L'expérience a en
effet montré que donner des conférences en amphithéâtre, c'était courir le
risque d'avoir maille à partir avec des perturbateurs. Car la formation se
heurte à des résistances. Le mythe de la neutralité de l'élève et de
l'enseignant-e reste fort, qui permet d'occulter la problématique. "
C'est une formation très compliquée, rapporte Michelle Zancarini-Fournel.
On leur apporte un enseignement, mais des stagiaires ont l'impression qu'on
les implique personnellement. "
La preuve par l'observation
Toutefois, à la seconde séance, quand les élèves rendent compte des
pratiques qu'ils ont observées lors de leurs stages dans des
établissements, ils s'avouent étonnés des résistances qu'ils ont
rencontrées. " Ils ne voient pas leurs propres résistances, mais ils
remarquent celles des autres ". Ils notent, par exemple, la
non-inscription dans le règlement intérieur du respect mutuel des deux
sexes ; ou pour les futur-es profs de maths, l'abondance des énoncés
sexistes dans les problèmes. Un déclic s'est donc produit. Michelle
Zancarini-Fournel n'a pas remarqué de différences très notables entre les
réactions des filles et celles des garçons. Par contre, les stagiaires de
certaines filières se montrent plus convaincus : " Les anglicistes
sont familiarisés avec la problématique du genre, car dans les pays
anglo-saxons, les études féministes sont entrées dans les mœurs. Les futurs
enseignants en éducation physique et sportive, qui travaillent sur le
corps, savent qu'ils ne peuvent faire l'impasse sur les relations entre
filles et garçons. "
Les violences dénoncées Ceux
et celles qui le désirent peuvent poursuivre la formation par un module de
24 heures, un des parcours optionnels proposés à l'IUFM. Ce choix est
davantage prisé par les futur-es CPE (Conseiller Principal d'Education,
ex-surgé). Ayant à charge l'ambiance de l'établissement, les problèmes de
discipline et de relations humaines, ceux-ci sont directement confrontés au
sexisme ordinaire, et notamment aux violences sexuées. Abordant ce
chapitre, la Convention affirme : " La violence, sous toutes ses
formes, est favorisée par les stéréotypes concernant le rôle des sexes.
" Formidable avancée, qui signe la reconnaissance d'un point de vue
défendu depuis belle lurette par les féministes. Pour les CPE, l'enjeu est
tangible, au quotidien pour le moins. L'est-il pour tout le monde ?
Michelle Zancarini-Fournel sait que dans le corps enseignant, la nouvelle
formation est souvent accueillie avec scepticisme, voire dérision. " Mais
il faut s'appuyer sur les convaincu-es ! ". D'ores et déjà,
l'égalité à l'école ne peut plus être considérée comme une idée fixe de
quelques radoteuses. C'est une directive nationale, qui ne demande plus
qu'à être suivie – et voilà un progrès d'envergure !
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