Déclaration des Droits de la Femme et de la
Citoyenne
Olympe
de Gouges 1791
Olympe libérée, par un veuvage précoce, d'un mari que sa
famille lui avait imposé elle dit et écrit que « le mariage est le tombeau de
la confiance et de l'amour ». Elle ne se remarie pas malgré les pressions de sa
famille et monte s'installer à Paris près de son amant qui lui offre une rente.
Indépendante tout en étant
proche des Girondins, elle lutte pour l'émancipation des femmes et l'abolition
de l'esclavage.
Elle est la seule femme à écrire et à commenter, sur le
vif, les évènements de 1788 à 1793.
Auteure d'une trentaine de pièces de théâtre, d'écrits
politiques, de pamphlets, elle a droit à cet éloge funêbre dès le lendemain de
son exécution signé par Chaumette ( procureur de la commune de Paris) dans Le
Moniteur : « Rappelez-vous l'impudente Olympe de Gouges qui la première
institua des sociétés de femmes et abandonna les soins du ménage pour se mêler
de la République et dont la tête est tombée sous le fer vengeur des lois... ».
Déclaration
Les mères, les filles, les soeurs, représentantes le la
Nation, demandent d'être constituées en assemblée nationale. Considérant que
l'ignorance, l'oubli ou le mépris des droits de la femme, sont les seules
causes des malheurs publics et de la corruption des Gouvernements, ont résolu
d'exposer dans une déclaration solennelle, les droits naturels, inaliénables et
sacrés de la femme, afin que cette déclaration, constamment présente à tous les
membres du corps social, leur rappelle sans cesse leurs droits et leurs
devoirs, afin que les actes du pouvoir des femmes, et ceux du pouvoir des
hommes pouvant être à chaque instant comparés avec le but de toute institution
politique, en soient plus respectés, afin que les réclamation des citoyennes,
fondées désormais sur des principes simples et incontestables, tournent
toujours au maintien de la Constitution, des bonnes moeurs, et au bonheur de
tous. En conséquence, le sexe supérieur en beauté comme en courage, dans les
souffrances maternelles, reconnaît et déclare, en présence et sous les auspices
de l'Être suprême, les Droits suivants de la Femme et de la Citoyenne.
- La femme naît libre et demeure
égale à l'homme en droits. Les distinctions sociales ne peuvent être
fondées que sur l'utilité commune.
- Le but de toute association
politique est la conservation des droits naturels et imprescriptibles de
la Femme et de l'Homme ; ces droits sont la liberté, la propriété, la
sûreté, et surtout la résistance à l'oppression.
- Le principe de toute
souveraineté réside essentiellement dans la Nation, qui n'est que la
réunion de la Femme et de l'Homme ; nul corps, nul individu, ne peut
exercer d'autorité qui n'en émane expressément.
- La liberté et la justice
consistent à rendre tout ce qui appartient à autrui ; ainsi l'exercice des
droits naturels de la femme n'a de bornes que la tyrannie perpétuelle que
l'homme lui oppose : ces bornes doivent être réformées par les lois de la
nature et de la raison...
- Les lois de la nature et de la
raison défendent toutes actions nuisibles à la société; tout ce qui n'est
pas défendu par ces lois, sages et divines, ne peut être empêché, et nul
ne peut être contraint à faire ce qu'elles n'ordonnent pas.
- La loi doit être l'expression
de la volonté générale ; toutes les Citoyennes et Citoyens doivent
concourir personnellement ; ou par leurs représentant, à sa formation ;
elle doit être la même pour tous ; toutes les citoyennes et les citoyens,
étant égaux à ses yeux, doivent être également admissibles à toutes
dignités, places et emplois publics, selon leurs capacités ; et sans
autres distinctions que celles de leurs vertus et de leurs talents.
- Nulle femme n'est exceptée ;
elle est accusée, arrêtée et détenue dans les cas déterminés par la Loi.
Les femmes obéissent comme les hommes à cette Loi rigoureuse.
- La Loi ne doit établir que des
peines strictement et évidemment nécessaires, et nul ne peut être puni
qu'en vertu d'une loi établie et promulguée antérieurement au délit et
légalement appliquée aux femmes.
- Toute femme étant déclarée
coupable ; toute rigueur est exercée par la Loi.
- Nul ne doit être inquiété pour
ses opinions même fondamentales. La femme a le droit de monter sur
l'échafaud ; elle doit avoir également celui de monter à la Tribune ;
pourvu que ses manifestations ne troublent pas l'ordre public établi par
la Loi.
- La libre communication des
pensées et des opinions est un des droits les plus précieux de la femme,
puisque cette liberté assure la légitimité des pères envers les enfants.
Toute citoyenne peut donc dire librement, je suis mère d'un enfant qui
vous appartient, sans qu'un préjugé barbare la force à dissimuler la
vérité ; sauf à répondre de l'abus de cette liberté dans les cas
déterminés par la loi.
- La garantie des droits de la
femme et de la citoyenne nécessite une utilité majeure ; cette garantie
doit être institué pour l'avantage de tous et non pour l'utilité
particulière de celles à qui elle est confiée.
- Pour l'entretien de la force
publique, et pour les dépenses d'administration, les contributions de la
femme et de l'homme sont égales ; elle a part à toutes les corvées, à
toutes les tâches pénibles ; elle doit donc avoir de même part à la
distribution des places, des emplois, des charges, des dignités et de
l'industrie.
- Les Citoyennes et Citoyens ont
le droit de constater par eux-mêmes, ou par leurs représentants, la
nécessité de la contribution publique. Les Citoyennes ne peuvent y adhérer
que par l'admission d'un partage égal, non seulement dans la fortune, mais
encore dans l'administration publique, et de déterminer la quotité,
l'assiette, le recouvrement et la durée de l'impôt.
- La masse des femmes, coalisée
pour la contribution à celle des hommes, a le droit de demander compte, à
tout agent public : de son administration.
- Toute société, dans laquelle la
garantie des droits n'est pas assurée, ni la séparation des pouvoirs
déterminée, n'a point de constitution ; la constitution est nulle, si la
majorité des individus qui composent la Nation, n'a pas coopéré à la
rédaction.
- Les propriété sont à tous les
sexes réunis ou séparés ; elle sont pour chacun un droit inviolable et
sacré ; nul ne peut en être privé comme vrai patrimoine de la nature, si
ce n'est lorsque la nécessité publique, légalement constatée, l'exige
évidemment, et sous la condition d'une juste et préalable indemnité.
Bibliographie
Olympe de Gouges
|
- Olivier Blanc éditions Syros 1981
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Olympe de Gouges
|
- Olivier Blanc (édition revue et augmentée) Syros 1989
|
Morceaux choisis
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- Olympe de Gouges; Benoîte Groult éditions.
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Olympe de Gouges
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- Paul Noack Deutscher Taschenburch Verlag GmbH & Co.
Kg, Mûnchen 1992,
éditions de Fallois 1993 (pour la traduction française)
|
Ecrits Politiques 1788-1791
|
- Olympe de Gouges - TOME 1 - éditions Côté-femmes 1993
|
Ecrits Politiques 1791-1793
|
- Olympe de Gouges - TOME 2 - éditions côté-femmes 1993
|
Theâtre politique (1790-1793)
|
- Olympe de Gouges éditions côté-femmes
|
L'esclavage des noirs (1792)
|
- Olympe de Gouges éditions côté-femmes
|