Touche pas à mon gynéco !
Par Dominique Foufelle
Nos filles bénéficieront-elles demain de la même qualité de
soins que les femmes aujourd'hui ? C’est la question alarmante que pose
l’association « Pour la santé des femmes - Comité de défense de la gynécologie
médicale ».
Sous prétexte d'uniformisation européenne, on a supprimé la spécialité de
gynécologie médicale en 1986, et remplacé par la spécialité
"chirurgicale" de gynécologie-obstétrique, plus technique, plus
orientée vers l’obstétrique et la chirurgie. On n'enseigne plus la gynécologie
médicale depuis 13 ans et il n'y aura plus un seul gynécologue médical dans 25
ans. Seuls, les généralistes (formés en 2 ou 3 mois) et les
gynécos-obstétriciens (déjà trop peu nombreux) assureront le suivi
gynécologique des femmes, s'ils en ont l'envie et surtout le temps !
Certaines femmes n'ont déjà plus le droit aujourd'hui de consulter directement
leur gynéco. Si elles ont signé un "contrat de fidélité" avec leur
médecin de famille, elles se sont engagées à ne consulter que lui pour toute
demande de soins.
Un Comité de Défense de la Gynécologie Médicale, composé de femmes et de
gynécologues s’est formé pour s’opposer à ces mesures .
Déjà, 136.000 femmes ont signé sa pétition et le mouvement s’amplifie.
De nombreuses femmes députées et sénatrices ainsi que F. Giroud, L. Neuwirth,
Douste-Blazy, E. Badinter, B. Groult... nous ont assurées de leur soutien.
Neuf magazines (sauf erreur) ont publié des articles très intéressants et
complémentaires (Elle, Ca m'intéresse, Politique Santé, FO Hebdo, CGT Hebdo,
Marianne, Alternative Santé, Santé Magazine et La Vie), et d'autres
journalistes nous ont contactées.
Les consultations de gynécologie médicales ne coûtent pas cher et font faire de
grosses économies tant humaines que financières car elles ont développé la
prévention depuis 30 ans : prévention des cancers, des MST, nette diminution
des interventions mutilantes , des stérilités, des IVG, de l’ostéoporose...
Aujourd'hui, 60% des femmes s'imposent un suivi gynécologique régulier, grâce à
la confiance qu'elles ont acquis au fil du temps dans ces médecins, compétents,
disponibles, aujourd'hui encore accessibles à toutes les femmes,
complémentaires des gynéco-obstétriciens, spécialement formé(e)s pour la
prévention et les soins de 10 à 99 ans. Le plus souvent, des femmes (87%), à
qui elles ont osé parler de leur problèmes intimes de femmes et par qui elles
ont osé se faire examiner sans trop de gêne.
ll y a souvent un lien privilégié entre les femmes et leur gynéco.
Si elles n’ont plus la liberté de choisir leur médecin dans ce domaine délicat,
beaucoup ne consulteront plus. Surtout les jeunes.
A l’heure où l’on cherche à améliorer le dépistage et la prévention des MST et
des cancers féminins, est-ce bien le moment de supprimer ceux et celles qui ont
été spécifiquement formés dans ce sens, qui ont développé cette prévention
jusqu’à ce jour et exercent leur métier avec compétence et efficacité?
Pour la santé des femmes, laissons leur le choix de consulter librement un
gynécologue et formons des gynécologues médicaux pour l’avenir.
On évitera ainsi une médecine à 2 vitesses, une chute de la prévention, une
remontée en flèche des MST, des cancers, des IVG.