Université de Versailles/ Saint-Quentin
Centre d’Histoire culturelle des sociétés
contemporaines
SÉMINAIRE DE RECHERCHES
Programme 2002-2003
“ Émancipation sexuelle ou contrainte des
corps ? ” (2)
Le sexe – et surtout le sexe
“ hors-normes ” (mais, aujourd’hui, entre adultes consentants) –
est à la mode. Il ne se passe pas un jour qu’on ne nous suggère, par la
publicité, dans les colonnes de Libération ou du Monde, sur Arte
ou sur M6, sans parler d’Internet, que la libération des pulsions, des
identités sexuelles, est le Grand enjeu de la société d’aujourd’hui. Côté
culture de masse, Loft Story, suivie par des milliers de jeunes des deux
sexes, disséquée, commentée aussi bien dans des émissions graveleuses
(l’affaire Skyrock) que dans des articles savants du Monde. Côté culture
d’élite, le livre de Catherine Millet (accompagné de celui de Jacques Henric,
présentant ses photos intimes) qui relate ses multiples expériences
sexuelles : vendu à plus de 200.000 exemplaires, le livre franchit les
barrières de classe, trône sur les présentoirs aussi bien à la librairie du
Centre Pompidou que dans les relais de gare.
Loft Story,
tout comme La Vie de Catherine M., sont perçus par beaucoup comme
représentations et véhicules d’émancipation individuelle. Mais n’y a-t-il pas
quelque raison de penser qu’il s’agit plutôt d’une nouvelle stratégie dans la
construction du consommateur et de la consommatrice idéal-e, voire de l’être
idéal, individualisé-e et individualiste, qui ne remet en cause ni les rapports
de domination entre hommes et femmes, ni les rapports de domination tout
court ?
Des femmes et des hommes, pourtant, cherchent à
échapper à cette instrumentalisation de leur corps et de leur être, à tenir sur
le sexe et l’érotisme un autre discours : un discours à vocation
égalitaire, qui rende compte de leurs désirs aussi bien que de leurs efforts
pour trouver les voies d’une authenthique émancipation sexuelle. Comme le
montrent les polémiques soulevées par des films comme A Vendre ou
Baise-moi, l’entreprise est aussi malaisée à penser et à réaliser qu’à
jauger, en raison de l’environnement social où elle prend place, mais aussi du
poids des schémas culturels construits, en France tout particulièrement, autour
des relations entre sexe et liberté. Ces efforts pourtant, existent, et il
convient de forger un espace critique à leur réception, qui sorte de l’alternative
“ cela parle de sexe donc c’est formidable ” versus
“ cela parle de sexe donc c’est méprisable ”. Ces efforts ne datent
du reste pas d’hier : les féministes que l’on a appelées Précieuses,
celles qui ont connu le libertinage du siècle dit des Lumières, celles qu’on a
pu dire “ décadentes fin de siècle ”, et bien d’autres encore, ont
souvent fait part de leur questionnement quant à l’émancipation des corps et à
ses enjeux – même si leurs propos ne sont pas parvenus jusqu’à nous, ou du
moins si déformés que nous ne les connaissons pas pour ce qu’ils étaient.
Nous nous proposons donc d’explorer cette année les
discours culturels d’émancipation sexuelle au regard des aspirations à
l’émancipation des femmes et à l’égalité entre les sexes.
Afin de conférer plus de cohérence au programme de
notre séminaire, rappelons que nous étudions, non les faits sociaux
“ bruts ” et leurs ramifications dans le réel, mais les représentations
(celles de la culture d’élite comme de la culture de masse) de ces faits, ainsi
que leurs interférences avec ces derniers. La prise en compte du contexte
culturel de production des artefacts étudiés est donc indispensable ;
celle de leur réception est souhaitable.
11
octobre 2002 : Florence Dupont (Paris 7) : La sexualité dans la Rome
antique
8
novembre 2002 : sous réserve
13
décembre 2002 : Elaine Viennot (Saint-Etienne) : Un discours émancipé
au 16e siècle : Les Comptes amoureux de
“ Jeanne Flore ”. Bilan d’une supercherie.
10 janvier 2003 : Raphaëlle Legrand (Paris 4) : L’image des chanteuses d’opéra au 18e siècle
14
mars 2003 : Olivier Blanc : Le libertinage dans la deuxième moitié du
18e siècle
25
avril 2003 : Michel Brix (Namur) : Fourier, utopie amoureuse et
libération sexuelle
16
mai 2002 : Christine Bard (Angers) : Une libération par le
vêtement ? (France, 1890-1930)
N.B.
Changement d’horaire : le séminaire aura lieu le vendredi de 17h à 19h,
une fois par mois, au Centre Universitaire de New York University 56 rue de
Passy, 75016 Paris (Métro Muette)
14
juin 2003 : Journée d’études
Michèle Brandini : Images du désir homosexuel féminin dans le
cinéma contemporain
Patricia Caillé (Strasbourg) : La réception critique française des films de femmes maghrébines
Isabelle
Charpentier (Versailles/ Saint-Quentin) : La réception critique de Passion
simple d’Annie Ernaux
Hélène Marquié
(chorégraphe) : Représentations
et discours sur les sexualités chez les chorégraphes contemporaines françaises
Claudine
Raynaud (Tours): Réflexions croisées sur le devenir-image et la
représentation de la sexualité en France et aux Etats-Unis
Geneviève
Sellier (Caen) : Images de la sexualité chez les cinéastes françaises
contemporaines
Images
de la sexualité dans les séries américaines type Sex and the City
(intervenant-e à préciser)
Contacts :
Geneviève
Sellier : sellier.g@wanadoo.fr (56 rue de Paradis, 75010 Paris)
Eliane
Viennot : EViennot@aol.com (6 rue
Jean Monnet, 94270 Le Kremlin Bicêtre)