1. L’Assemblée se réfère à sa Résolution
1018
(1994) relative à l’égalité des droits entre
les hommes et les femmes, dans laquelle elle préconise
l’établissement «de mécanismes de promotion et de contrôle du
respect du principe d’égalité des droits entre les femmes et les
hommes», et incite les médias «à promouvoir (cette)
égalité».
2. L’Assemblée constate que, malgré des
progrès visibles dans plusieurs pays de l’Europe, l’image des
femmes dans les médias reste encore trop souvent négative et
continue d’être stéréotypée et sexiste. La femme est associée à la
sphère privée, au foyer et à la vie de famille. Souvent, les
médias présentent les femmes comme des objets sexuels. Si le monde
contemporain a connu une évolution rapide, cette image des femmes
dans les médias n’a pas connu de transformation
véritable.
3. L’Assemblée se félicite du fait que
certains gouvernements, groupes de femmes et organes
intergouvernementaux européens ont progressé sur la question
concernant les femmes et les médias. La nomination d’un médiateur,
chargé des questions d’égalité, pour appliquer la législation
nationale et communautaire constitue un progrès vers le respect de
l’égalité des sexes.
4. L’Assemblée constate avec regret que
certains pays européens connaissent une régression concernant
l’image des femmes dans les médias. A la suite de la Conférence
mondiale de Beijing, peu d’initiatives ont été mises en œuvre par
les gouvernements et les médias dans ce domaine.
5. Dans certains pays de l’Europe de l’Est et
dans les pays de la Communauté d’Etats indépendants, l’image des
femmes dans les médias est relativement négative. Les médias
décrivent les hommes comme des réformateurs, alors que le rôle des
femmes est limité. Cela est lié à l’héritage social et culturel
des pays concernés. Ces pays souffrent du manque d’expérience
démocratique et rencontrent des difficultés sur la voie du
développement. Les images des femmes dans les médias témoignent de
la situation dramatique des droits des femmes dans ces pays. Les
vrais problèmes des femmes et les mouvements de femmes sont ainsi
ignorés.
6. Certains pays ont essayé de mettre en
place des mécanismes d’autorégulation dans le domaine des
productions médiatiques, mais les gouvernements n’allouent pas les
fonds nécessaires à ces travaux.
7. L’image stéréotypée des femmes résulte du
manque de formation des journalistes et des autres responsables
des médias, et de la faible représentation des femmes aux postes
de prise de décision. Si le nombre des femmes journalistes a
nettement progressé au cours des dix dernières années, le nombre
de femmes dans les organes directeurs des médias reste en revanche
marginal et elles ne peuvent pas influencer de manière
significative la politique des médias.
8. L’Assemblée est préoccupée par le fait que
les enfants sont de plus en plus exposés à des messages sexistes.
Les influences antisociales exercées par la répétition de ces
messages sont particulièrement inquiétantes à un moment où la
société tente d’enrayer la violence exercée envers les
femmes.
9. L’Assemblée appelle les gouvernements des
pays membres du Conseil de l’Europe à adopter et à mettre en
pratique une politique contre les images et les représentations
sexistes et stéréotypées des femmes dans les médias. L’Assemblée
invite les gouvernements à créer davantage d’observatoires des
médias et d’organes de surveillance de
l’audiovisuel.
10. L’Assemblée demande par conséquent aux
gouvernements des Etats membres:
i. d’introduire la notion de
«sexisme», qui doit être défini comme la négation de l’égale
dignité des personnes en raison de leur sexe féminin ou
masculin, dans leur législation, et de la condamner dans la même
mesure que le racisme;
ii. d’adopter une loi en
faveur de l’égalité des sexes dans les médias;
iii. de charger le médiateur
ou la médiatrice responsable des questions touchant à l’égalité
des sexes d’établir des liens directs entre son bureau et
l’ensemble de la population;
iv. d’établir une distinction
entre la situation dans les médias privés et les médias
publics;
v. de donner aux associations
relatives aux médias le droit de se pourvoir devant les
tribunaux en cas de violation des droits de
l’homme;
vi. de financer et de lancer
de nouveaux projets d’égalité dans les médias;
vii. d’encourager, dans le
cadre de leurs dispositifs nationaux, la création et le
financement de centres chargés de surveiller les médias
nationaux, y compris les nouvelles technologies de l’information
et de la communication;
viii. d’inciter les publicitaires à
renforcer l’autocontrôle, à travers leur déontologie, dans la
limite du respect de la liberté d’expression;
ix. de recourir à des mesures
de discrimination positive ou à des systèmes de quotas, afin de
garantir un équilibre entre les sexes à tous les niveaux de
décision;
x. d’encourager la
participation des femmes à tous les niveaux de décision dans les
médias et aux postes de responsabilité dans l’industrie
technologique et dans les organes consultatifs
publics;
xi. d’affecter des ressources
et de mettre en œuvre des programmes propres à accroître l’accès
des femmes aux ressources et aux connaissances en matière de
communication, notamment aux nouvelles technologies de la
communication;
xii. de faire des efforts
substantiels pour dégager les fonds nécessaires dans le but de
dispenser une formation à l’égalité aux femmes et aux hommes, y
compris dans les écoles de journalisme;
xiii. de financer des études
comparatives, dans le but d’assurer une meilleure image de
l’égalité des sexes dans l’élaboration des
politiques.
11. L’Assemblée recommande au Comité des
Ministres:
i. d’élaborer des normes
éthiques internationales fondées sur l’égalité entre les femmes
et les hommes;
ii. de contribuer au
développement de la coopération internationale, en vue de donner
la priorité au renforcement des réseaux de communication et des
médias féminins, et au principe de l’égalité des
sexes;
iii. de créer un observatoire,
composé d’un comité de journalistes femmes, sous l’égide du
Conseil de l’Europe, pour étudier la manière dont est diffusée
l’image de la femme dans les médias européens et de proposer des
mesures en conséquence.
__________
. Discussion par l’Assemblée le 24 avril 2002
(13e séance) (voir Doc.
9394, rapport de la commission sur l’égalité des chances pour
les femmes et les hommes, rapporteuse: Mme López
González).
Texte adopté par l’Assemblée le 24
avril 2002 (13e
séance).