Bulletin de
liaison
MARCHE MONDIALE DES FEMMES
Vol. 6, No. 1 Février 2003
L’année 2003 a démarré à toute
vapeur pour la Marche mondiale des femmes (MMF). Les préparatifs
avancent rondement en vue de notre prochaine et 4e Rencontre
internationale de la Marche mondiale des femmes, qui se tiendra à New Delhi
en Inde du 18 au 22 mars. Un comité organisateur a été mis sur pied en Inde
pour collaborer avec le Comité des suivis de la MMF et le Secrétariat
international à l’organisation de ce rassemblement. Nous anticipons la tenue de
débats enrichissants autour de notre plan stratégique, présentant l’ensemble
des actions mondiales prévues pour 2005, et sur la structure qui nous permettra
d’accomplir notre mission et nos projets. Les propositions dont doivent débattre
les coordinations nationales pour préparer leurs déléguées avant la réunion
sont affichées dans notre site Web
http://www.ffq.qc.ca/marche2000/fr/4eproposition.html
Janvier fut également une
période de labeur intense et de mobilisation autour du 3e Forum
social mondial, qui s’est déroulé du 23 au 28 janvier à Porto Alegre, au
Brésil. Des représentantes de la MMF provenant de vingt pays ont assisté à
l’événement; plusieurs activités ont été organisées par le groupe de travail de
la Marche. Comme toujours, nos consœurs brésiliennes étaient dynamiques,
créatives et bien organisées, se révélant des hôtes énergiques soucieuses
d’assurer le rayonnement de la Marche et la réussite de nos événements.
Ce mois-ci, notre bulletin
rassemble les impressions de représentantes de la MMF venues de plusieurs pays
pour assister au Forum social mondial. Nous espérons que ces pages offrent une
bonne vue d’ensemble de celui-ci et vous motiveront à continuer d’investir vos
efforts dans les mouvements qui y sont associés dans votre pays ou région, et à
assister au 4e Forum social mondial qui aura lieu en Inde en 2004.
Nous vous invitons également à visiter le site de la coordination nationale
brésilienne pour visionner les photos de la Marche mondiale des femmes prises
au cours du Forum : http://www.sof.org.br/marchamulheres/fotos/fotos.htm
Nous sommes fières de
notre participation et de celle de près de 100 000 personnes qui ont
participé au Forum social mondial. Si on ajoute à ce nombre les milliers de
personnes qui ont participé aux forums régionaux ou thématiques cette année et
celles qui suivaient avec grand intérêt les débats du FSM 2003, nous constatons
combien ce processus de débats, d'échanges sur nos stratégies, sur nos actions,
etc. est important. Cet engagement de millions de personnes dont une grande
proportion de femmes, déterminées à poursuivre leur marche pour l'égalité entre
les femmes et les hommes, entre les peuples, entre tous les êtres humains et en
harmonie avec notre planète modifie le panorama mondial actuel malgré la guerre
imminente, malgré les attaques orchestrées contre toute forme de contestation
de la rhétorique néolibérale, guerrière, machiste.
Ce 3e Forum
social mondial qui vient de se terminer à Porto Alegre renforce notre
détermination à construire, au quotidien, les résistances et les alternatives
pour assurer la dignité humaine; pour prioriser les personnes plutôt que le
profit; pour dire non à la guerre contre l’Iraq; pour construire la paix. Nous
sommes aussi convaincues de la pertinence de faire ce travail en alliance avec
les mouvements sociaux présents à Porto Alegre. C'est pourquoi la Marche
mondiale des femmes est signataire de l'appel à la création du Réseau mondial
des mouvements sociaux qui s'est concrétisé au Brésil (vous pouvez voir l’appel
et la déclaration de la troisième assemblée internationale des mouvements
sociaux en visitant leur site web http://www.movsoc.org).
Nous voyons dans ce réseau la possibilité de démontrer
que l'inclusion de la lutte pour l’égalité est une stratégie gagnante pour
l’ensemble des mouvements sociaux. Que pour rendre cet autre monde bien réel,
il nous faut faire autrement, penser autrement, agir autrement. Cela signifie
réinventer nos actions et radicaliser nos utopies pour y inclure la fin de
toutes les formes d'oppression.
La Marche mondiale
souhaite apporter dans ce processus, entre autres, les questions des
alternatives économiques féministes, de la marchandisation accrue du corps des
femmes dans le contexte de la mondialisation, des débats sur le féminisme et
l’émergence d’une nouvelle génération politique avec le campement de la
jeunesse.
Le mouvement des femmes,
le féminisme contemporain, est le mouvement social qui a le plus transformé le
monde depuis les 30 dernières années. Nous l'avons fait en amenant les femmes à
prendre conscience de leur valeur, de leurs droits. En partant du quotidien des
femmes, nous avons dénoncé la violence sexuelle et conjugale; le double
standard en emploi, la non reconnaissance de notre travail, le contrôle de
notre corps et notre sexualité. Nous avons fait ce travail en créant des
espaces pour que les femmes se rencontrent et analysent leur quotidien. Le
mouvement des femmes s'est constitué internationalement dans la diversité et de
façon horizontale depuis les années 70.
Avec l'avancée du
néolibéralisme et de la droite, le mouvement des femmes s'est mobilisé pour
permettre aux femmes de mondialiser leur résistance. La Marche mondiale des
femmes contre la pauvreté et la violence envers les femmes a constitué un
réseau féministe d'actions mondiales qui sert d'instrument pour exprimer notre
refus de voir nos vies, notre monde marchandisés par des systèmes d'oppression
qui se nourrissent d'exclusion et de haine : le patriarcat, le racisme, le
capitalisme. C’est pour ça que nous nous sommes mobilisées en l’an 2000 et que
nous le ferons de nouveau en 2005.
C’est aussi pour cela que nous participons activement au
Forum social mondial depuis le tout début. L'édition 2003 de ce Forum nous a
permis de constater l'impact de notre travail en ce sens qu'il y avait
définitivement une meilleure participation de femmes lors des panels et plus
particulièrement de féministes. Par contre, nous constatons aussi que cette
participation demeure marginalisée et souffre du syndrome de la tolérance polie.
Nous sommes encore loin d'un réel dialogue ou débat sur la place des femmes et
du féminisme dans la construction d'un autre monde. La lutte anti-capitaliste
est encore vue comme la lutte primordiale dans l'esprit de plusieurs. Les
tendances à la centralisation du pouvoir dans les mains de quelques-uns perçus
comme plus éclairés ou plus habilités sont encore bien vivantes. Le Forum
social mondial est encore très teinté des méthodes d'échange unidimensionnelle
avec panelistes experts. La participation de la salle est limitée à poser des
questions. Il nous faut réinventer des espaces d'échange qui mettent en
pratique nos principes d'horizontalité et permettent de pousser plus loin les
réflexions individuelles et collectives. Plusieurs personnes viennent au Forum
social mondial pour partager leurs expériences de luttes concrètes, pour se
ressourcer et, nous l'espérons, pour apprendre des autres et ainsi enrichir
leur analyse, leur travail. Le mouvement des femmes a beaucoup à apporter à ce
niveau. Nous sommes prêtes à partager nos expériences mais cela doit se faire
sur une base d'égalité et de reconnaissance de notre leadership. C'est là le
défi de la prochaine année, arriver à mettre en pratique ce que nous
préconisons. Tout comme nous savons que pour changer la vie des femmes, il nous
faut changer le monde, nous savons que sans les femmes, sans le féminisme, un
autre monde n’est pas possible.
Le 23 janvier, à
l’ouverture de la troisième édition du Forum mondial social, les rues de la
capitale de l’état de Río Grande del Sur vibraient sous les pas de plus de cent
mille personnes qui ont marché en faveur de la paix et la libre
autodétermination des peuples. Elles ont également démontré que la lutte contre
la guerre et la lutte contre les politiques néolibérales ne sont pas des
combats isolés. Les rues de Porto Alegre ont accueilli une marée humaine où
s’entremêlaient des consignes dans une pluralité de voix et de langues
s’unissant toutes en un chœur d’idéaux et de valeurs.
La Marche
mondiale des femmes a ouvert la manifestation avec ses marionnettes colorées,
hautes de 10 mètres et faites à Caicó (Río Grande del Norte), avec ses
bannières et ses banderoles que les participantes mêmes ont confectionnées et
illustrées avec des silhouettes de femmes se tenant par la main. Les femmes du Centro
Feminista 8 de Março, de Mossoró, sont venues accompagnées du groupe
percussionniste Pau e Lata apportant avec elles le rythme des tambours
du nord-est du Brésil qui a donné encore plus de force au cri des participantes
de tous les continents : « A nossa luta é todo o dia, somos
mulheres e não mercadoria » (« Notre lutte est quotidienne, nous
sommes des femmes et non pas des marchandises ». Les femmes, toutes
nationalités confondues, ont pris des tambours et ont aidé à animer le
contingent féministe.
La marche s’est
mise en branle avec, en tête, le contingent des femmes vibrant de vie avec sa
créativité visuelle et musicale, reflet de la diversité des expériences des
participantes. Certaines étaient des militantes de longue date, d’autres de
plus récente adhésion. À mesure que la marche avançait, les rangs des
féministes grossissaient et il était frappant de voir le groupe des
participantes assumer la direction du contingent. Elles ont maintenu avec brio
les slogans et montré ainsi que c’est dans la lutte et la mobilisation que l’on
construit la rébellion, l’utopie et les transformations.
Le mouvement des
femmes s’est illustré tout particulièrement lors de deux événements. Le premier
a été une marche de protestation, entre les tentes du Campement de la jeunesse,
organisée spontanément après la tenue de l’atelier de graffiti critique sur les
affiches de publicité. C’est dans une atmosphère joyeuse et pleine d’entrain
que les jeunes participantes ont pris d’assaut les ruelles de la Ville des
villes en scandant « Violência contra a mulher, não é o mundo que a
gente quer » (« La violence contre les femmes, ce n’est pas le
monde que nous voulons ») pour exprimer leur indignation face au
traitement que la société accorde aux femmes et dénoncer les cas de violence
contre les femmes qui ont eu lieu dans le campement même. Encore une fois, la force
de la Marche a démontré que l’union est notre plus grande alliée.
De plus, à la
clôture du FSM 2003, lors de la marche contre la ZLÉA, la guerre et l’OMC, les
femmes de la Marche ont animé la colonne qui est partie du Gigantinho. Elles
étaient toutes là, jeunes, moins jeunes, brésiliennes, étrangères, avec
bannières et banderoles, pour dénoncer le machisme et le néolibéralisme :
« Contra a política neoliberal, são as mulheres no Fórum Social » (Contre
la politique néolibérale, nous les femmes du Forum social » ).
La Marche a
présenté aux participantes et participants du FSM 2003 toute une panoplie
d’activités et d’événements auxquels prenaient part des femmes venues de
plusieurs États du Brésil ainsi que du reste de l’Amérique latine, du Québec,
d’Europe, d’Afrique, du Moyen Orient, etc. À l’ordre du jour: la
marchandisation du corps des femmes, la nouvelle génération politique et le
féminisme, l’accès à l’éducation, la santé et le travail ainsi que les
alternatives économiques. La Marche avait aussi organisé des ateliers culturels
et une peinture murale réalisée par des femmes de plusieurs nationalités.
Selon l’opinion
générale des femmes de la Marche, exprimée lors de la réunion de deux jours
qu’elles ont eue une fois le FSM terminé, les activités ont été très bien
organisées. Elles ont donné à la Marche une grande visibilité, en plus de
susciter des débats importants non seulement pour l’organisation des femmes
mais pour l’ensemble des participantes et participants du FSM.
La Marche
mondiale des femmes et la Red Latinoamericana Mujeres Transformando la
Economía (REMTE) ont présenté conjointement, au Forum social mondial, le
panel intitulé : « La lutte pour l’égalité entre les femmes et les
hommes, comment réaliser de véritables changements? ».
Selon Nalu
Faria, de la MMF au Brésil et animatrice de la table ronde, le débat s’est
déroulé autour de deux questions centrales. 1) Comment en finir avec la
domination exercée sur les femmes lorsque celle-ci fait partie intégrante du
modèle de domination et des structures qui régissent toutes les relations
sociales, publiques et privées? 2) Quelles sont les conséquences que le
néolibéralisme est en train d’avoir sur nos luttes pour l’égalité?
Le débat a
abouti sur une proposition, explique Nalu, de débattre des voies vers l’égalité
tout en soulignant qu’égalité ne veut pas dire homogénéité. Il est également
proposé d’être bien à l’écoute de l’opinion des mouvements sociaux quant à la
façon de transformer la société en profondeur.
En conclusion, l’animatrice affirme que « les luttes des femmes et
les défis qu’elles ont à relever exigent des changements et des transformations
non seulement structurelles (économiques, politiques, culturelles, sociétales),
mais aussi des valeurs. »
Pour Nalu, le
changement naît de la force des femmes quand elles sont unies. « Rien ne
change davantage les hommes, les enfants et même les autres femmes,
remarque-t-elle, que lorsque nous sommes organisées et disons non à
l’oppression, à la discrimination et que nous faisons valoir notre utopie et
nos idéaux d’égalité ».
Le panel
comptait aussi sur la présence de Rosa Guillén, de la MMF du Perou; Srilata
Swaminathan, présidente de la All India Progressive Women Association (AIPWA)
et membre du comité central du Parti Communiste de l’Inde (M.L.), et Christophe
Aguiton, de France, membre d’ATTAC et du Réseau mondial des mouvements sociaux.
Un des
séminaires organisé par la Marche avait comme objectif de débattre des
nouvelles alternatives féministes concernant l'incorporation des femmes au
marché du travail. On y a présenté des communications sur la libre
détermination des femmes pour bâtir leur citoyenneté et leur liberté. On a
aussi soulevé les effets que les marchés communs, tels la ZLÉA, ont sur le
travail des femmes, particulièrement sur celles qui vivent de l’artisanat. La
discussion a porté aussi sur la menace que représente la bio-piraterie et le
risque sous-jacent du brevetage de connaissances populaires par les États-Unis.
Dans l’atelier
sur la marchandisation du corps des femmes, il a été question des différents
domaines où les femmes deviennent objets de commerce. On y a relevé en
particulier le tourisme sexuel et l’exploitation du corps féminin dans les
médias.
Les données à ce
sujet sont désolantes. La traite des femmes est devenue une entreprise
mondialisée avec des routes bien établies (des pays pauvres vers les pays
riches), le Brésil étant le deuxième plus grand exportateur de personnes.
Encore aujourd’hui, en Espagne, près de 20 mille Brésiliennes vivent dans des
conditions de demi-esclavage.
Selon les
Nations Unies, quatre millions de personnes disparaissent chaque année. De nos
jours, le trafic des personnes est considéré comme le troisième plus
« grand » commerce après le trafic des drogues et le trafic d’armes.
Sur le sujet de
la guerre, Diane Matte, du Secrétariat international de la MMF, a attiré
l’attention sur la situation des femmes vivant dans des zones de conflits
armés. Les guerres ont toujours un double impact sur les femmes, puisque ce
sont elles qui doivent se charger de maintenir la société pendant les conflits
et de la reconstruire après. Selon des évaluations récentes, aujourd’hui 80%
des personnes qui perdent la vie lors des conflits font partie de la population
civile et dont la majorité sont des femmes.
Les femmes ont
maintes raisons pour lutter pour la paix.
À l’occasion de la
grande marche d’ouverture du FSM, la Marche mondiale des femmes a travaillé
avec les jeunes du Campement. Les femmes étaient déjà prêtes et sur place quand
le contingent de la jeunesse est arrivé avec escorte policière. Les femmes ont
pris la tête du peloton avec tambours et slogans. Ce ne fut que le début d’une
atmosphère de fête porteuse d’espoir qui s’est maintenue tout au long des
journées qui ont suivi...
La présence du
féminisme au III Campement intercontinental de la jeunesse a eu un grand impact,
y compris sur les milliers de jeunes campeuses qui ont découvert qu’elles
étaient plus féministes qu’elles ne l’auraient cru. Le succès des initiatives
de la Marche dans le campement représente un événement en soi, surtout face à
l’absence de visibilité féministe dans les activités du campement lors des
années précédentes. Comme la plupart des activités, les ateliers ont eu lieu à
ciel découvert, les jeunes assis en cercle sous l’ombre des arbres.
L’événement
« Le féminisme et la nouvelle génération politique » a attiré des
jeunes féministes actives au Brésil, au Québec, en Argentine, au Portugal, en
Italie et en Hollande. Le débat a tourné autour du féminisme et de l’espace des
femmes dans les groupes et coalitions de mouvements qui s’opposent à la mondialisation
néolibérale et des dynamiques entre générations au sein du mouvement féministe.
Ce fut sans aucun doute une des initiatives politiques les plus importantes
réalisées dans le campement.
Les invitées ont
parlé de leurs expériences et ont situé le contexte historique dans lequel se
déroulaient leurs actions. Les thèmes présentés par les participantes ont aussi
donné lieu à des échanges sur l’espace des lesbiennes au sein du mouvement et
comment les jeunes peuvent affirmer leur présence et leurs revendications dans
leurs pays respectifs. C’est à l’occasion de cette activité qu’a commencé à
prendre forme un réseau international pour bâtir et renforcer le mouvement
féministe parmi les « nouvelles générations politiques ».
L’atelier
« Graffiti critique et libération des affiches publicitaires » a été
le lieu de débats sur les représentations sexistes des femmes dans l’espace
public et les médias. Les participantes ont par la suite fait des peintures sur
des reproductions d’affiches de publicité. L’atelier a culminé avec une
manifestation du groupe dans le campement en exhibant les affiches et les
drapeaux brésiliens de la MMF, le tout au rythme des percussions et des
consignes féministes. Après quelques altercations, les jeunes femmes ont dû agir
avec fermeté pour se maintenir à la tête du débat, tandis que des jeunes hommes
manifestaient leur appui en marchant et chantant au centre du groupe.
Au son des
consignes féministes, scandées avec force et rythme, les rangs de cette
manifestation spontanée grossissaient à mesure qu’elle avançait et animait le
campement. C’était une expérience joyeuse et stimulante pour toutes celles qui
y ont participé. Les participantes ont même inventé des slogans pour dénoncer
le harcèlement et la violence envers les femmes, une réalité que les jeunes
femmes ont aussi vécue au sein même du Campement de la jeunesse.
Les activités
féministes du Campement intercontinental de la jeunesse ont connu un véritable
succès et vont sans aucun doute contribuer à la génération de nouvelles idées
et à ce que d’autres jeunes femmes s’affirment et s’engagent dans l’action
féministe. De là est aussi née l’idée de créer un réseau de jeunes féministes
et un réseau de résistance mondiale.
Elsa Beaulieu, Marche mondiale
des femmes - Québec
Julia Di Giovanni, Marche
mondiale des femmes - Brésil
Grâce aux efforts soutenus
du Secrétariat international et de la coordination brésilienne de la MMF, la
Marche mondiale des femmes a pu manifester cette année une présence accrue au
Forum social mondial. Nous avons organisé un certain nombre d’activités sur des
sujets très importants liés aux cinq thèmes du Forum. Des représentantes de la
Marche venues de différents pays ont également pris part à certaines activités
organisées selon une perspective régionale ou internationale, en plus de
participer aux marches organisées à l’ouverture et à l’issue du Forum.
Voici un aperçu de
quelques-unes des activités auxquelles j’ai pris part.
·
Tribunal international contre le blocus des
États-Unis, blocus imposé au peuple cubain depuis 40 ans, qui touche également
les biens des Cubains vivant aux États-Unis. Une dizaine de personnes ont livré
un témoignage personnel. Le jury était constitué de Marrsia Csmpous, présidente
de la World International Democratic Association, de Samir Amin d’Égypte et de
Genevieve Vaughan des États-Unis.
·
Conférence sur le fondamentalisme, à laquelle ont
participé plus de 3000 personnes, et qui présentait trois éminents
conférenciers : Dan Brutos (Afrique du Sud), Shareef Hatateh (Égypte) et
Al Sourany (Gaza/Palestine). Ces derniers ont mis en lumière les dangers
associés au fondamentalisme religieux, qu’il soit chrétien, musulman ou juif.
Ils ont condamné la mondialisation capitaliste et néolibérale, la domination
militaire et les intentions belliqueuses du gouvernement américain dans sa
détermination à aller en guerre contre l’Irak. Ils ont également dénoncé
l’occupation continue des territoires palestiniens par Israël et les atrocités
infligées sur les civils par cet État avec l’appui des États-Unis.
·
Table ronde sur la mondialisation et la
militarisation, au cours de laquelle on a traité des obstacles que
doivent surmonter les pays en développement, notamment les pays arabes. On a
mis en lumière les difficultés auxquelles font face ces derniers dans le
contexte de la mondialisation néolibérale actuelle et des tendances
hégémoniques qui semblent la caractériser. Les conséquences du conflit
israélo-palestinien et la menace d’une guerre contre l’Irak pèsent de plus en
plus sur la région. Samir Amin (Égypte) animait la table ronde; les
conférenciers représentaient le Parlement européen, Social Watch, le
Palestinian NGO Network, le Réseau des ONG arabes pour le développement, le
Third World Network et ENDA Tiers Monde.
·
Atelier sur l’avenir des mouvements sociaux dans les
pays arabes, réunissant des délégués du Liban, d’Égypte, de Jordanie, de Tunisie,
du Maroc, d’Algérie et d’Irak. Ces derniers ont parlé des défis que doivent
relever les pays arabes en matière de développement; ils ont évalué le rôle des
mouvements sociaux et populaires dans la tâche de définir des stratégies
claires pour cerner les obstacles au respect des droits politiques, sociaux,
économiques et culturels et raffermir la lutte en faveur de leur mise en œuvre
et de leur respect. À l’issue de la discussion, les participants ont décidé de
former un forum social arabe.
·
Atelier sur la démocratie, les droits de la
personne, la liberté et les effets de la mondialisation sur les femmes arabes. Des
conférencières venues d’Égypte, de Tunisie, du Maroc, de Palestine, du Liban et
de Jordanie ont lancé un débat sur les solutions de rechange aux systèmes
sociaux et économiques actuels. On a présenté de nouveaux cadres d’action
pouvant permettre d’atteindre l’objectif d’un véritable développement durable
dans les pays arabes, avec la participation de la société civile et des
mouvements sociaux. On a abordé la question de la condition féminine dans le
contexte de la mondialisation, ainsi que les conséquences de cette dernière en
rapport avec les droits des femmes, la démocratie et l’accès aux ressources. En
dépit de la contribution active des femmes arabes dans les luttes au quotidien,
a-t-on souligné, leur faible participation à l’élaboration des politiques et à
la prise de décisions, notamment au plan politique et économique, constitue de
plus en plus un obstacle au développement durable.
·
Table ronde sur la crise mondiale et les impératifs
politico-militaires de la mondialisation. Nicola Bullard (Thaïlande)
animait cette table ronde, auxquelles ont participé Srilata Swamina (Inde),
Rarda Sanioura (Palestine) et Gigi Francisco (DAWN South-East Asia).
·
Table ronde sur les questionnements féministes
relatifs aux guerres impérialistes. Des conférencières des
Philippines, de l’Inde, d’Indonésie et du Brésil ont pris la parole. Naty
Bernadino des Philippines animait la table ronde.
·
Manifestations de solidarité. Les délégués
arabes et les participants au Forum ont organisé deux manifestations, l’une à
l’appui du droit légitime du peuple palestinien à la liberté, à l’indépendance
et à la mise en œuvre des résolutions du Conseil de sécurité en faveur d’un
État autonome et souverain, l’autre contre la guerre que veulent mener les
États-Unis contre l’Irak.
Nous avons quitté la petite
réalité qu’est notre pays, Euskal Herria (Pays Basque) pour nous rendre a Porto
Alegre dans le but de connaître les réalités plurielles dans lesquelles vivent
d’autres femmes dans le monde et de recueillir des expériences pour le réseau
de femmes basques que nous sommes en train de mettre sur pied. Il est important
de souligner que nous sommes peu nombreuses et que nous bâtissons notre pays à
partir de toutes les sphères de la société, toujours dans une perspective
féministe sans oublier qu’il est indipensable de lutter pour les droits des
femmes si nous voulons créer une société juste, une société socialiste.
Dans les ateliers, séminaires,
conférences et activités spécifiques, la participation des femmes a été assez
positive. Il mérite de mentionner que le sujet de la mondialistation a été
traité dans une perspective soucieuse d'équité entre les sexes
tant
lors d’activités spécifiques comme dans de nombreuses activités transversales. Si tel
a été le cas, il demeure néanmoins essentiel d’accorder, dans les principaux
axes du forum, la même place à la perspective de genre qu’au droit des peuples.
Le III Forum social mondial
a pris fin et nous en sommes ressorties encore plus déterminées à tisser des
résistances contre les politiques néolibérales, militaristes et machistes et à
formuler des alternatives en faveur d’une mondialisation de l’égalité.
Dans le mouvement mondial
qui est en train de surgir pour contrer l’offensive du néolibéralisme et la
montée de la droite, la Marche apparaît comme un réseau mondial d’action
féministe qui donne une voix aux revendications et propositions des femmes du
monde entier, ce qui nous pousse à être de plus en plus présentes aux processus
du Forum social mondial. Nous visons une participation transversale, non
seulement sur le plan thématique mais aussi sur le plan des espaces et des
façons de faire que Porto Alegre facilite.
Nous avons tenu des
séminaires et des ateliers pour faire avancer nos analyses et nos propositions.
Notre participation à la coordination du thème II sur « Droits de la
personne, diversité et égalité » nous a permis de mieux comprendre la
dynamique du Conseil international et y participer. Ceci survient à un moment
important où le FSM envisage de se déplacer vers l’Inde. De plus, le FSM
sortira encore plus enrichi des forums régionaux et de toute une nouvelle année
de luttes locales et mondiales décisives.
En cherchant des alliances
plurielles, nous sommes devenues protagonistes de la création du Réseau mondial
des mouvements sociaux au sein duquel nous présentons la lutte pour l’égalité
des hommes et des femmes comme une dimension radicale des utopies, pratiques et
stratégies des mouvements sociaux qui luttent contre toute forme d’oppression
et pour la construction d’un monde nouveau.
Nous aimerions remercier
les auteures d’articles de ce numéro du Bulletin de liaison (Diane, Elsa,
Emily, Fernanda, Izaskun et Julia) et Nancy Burrows qui en a assumé la
coordination. Un merci tout particulier à notre vaillante équipe de
traductrices que nous ne remercions pas assez souvent: Elise Boyer (vers
l’anglais), Nicole Kennedy (vers l’anglais), Margot Lacroix (vers le français) et Magaly Sala (vers l’espagnol).
Nos coordonnées
Marche mondiale des femmes Montréal, Québec, CANADA H2Y 1E6 Téléphone: (1)
514-395-1196 Télécopieur: (1)
514-395-1224 |
Courrier
électronique: marche2000@ffq.qc.ca Site web:
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